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Société

Arrivés du Maroc, des enfants toxicomanes livrés à eux-mêmes en plein Paris

Depuis des semaines, des dizaines de mineurs arrivés du Maroc errent dans le 18e arrondissement de Paris, souvent dans les squares. Ils disent être venus chercher une vie meilleure mais sont livrés à eux-mêmes. Certains refusent d'être pris en charge, sniffent de la colle et commettent des vols.

Dans ce square du 18e arrondissement de Paris ils sont une petite dizaine ce jour là à faire les cent pas. Ils s'appellent Mohamed ou Redouane et ont entre 11 et 17 ans. "Il y a beaucoup de mineurs, il y a 40 mineurs comme nous", glisse l'un d'eux dans un français approximatif. 

Tous racontent la même histoire, un long voyage depuis Fès ou Casablanca au Maroc pour fuir la misère. Avant d'arriver en France, ils ont rejoint Melila, une enclave espagnole au nord-ouest du Maroc puis traversé la Méditerranée, cachés sur des bateaux ou dans des containers. Malaga, Barcelone, Perpignan, leur périple s'achève enfin à Paris.

"On passe par les TGV, on paye pas, on passe direct. On s'en fout des contrôles, on n'a pas de papiers, on donne n'importe quel nom et on passe", explique l'un de ces jeunes.

Des sacs en plastique pour sniffer de la colle

En tout, ils seraient une quarantaine de mineurs isolés déjà arrivés à Paris. Ils se regroupent dans les squares de la Goutte d'Or et Barbès et dorment dans les rues. Ils reconnaissent commettre quelques vols pour manger et s'habiller, disent-ils. Dans leurs récits, il n'est jamais question d'adultes ou de famille.

"Ca fait deux ans que je suis en France, je n'ai jamais dormi à la maison, que dans la rue. Il n'y a pas d'argent, pas de travail. Au Maroc c'est la même chose, pas de travail, pas de famille", racontent-ils encore. 

Plus inquiétant encore, ils cachent de la colle utilisée comme produit stupéfiant. La tête plongée dans des sacs en plastique, ils inhalent les vapeurs du produit à pleins poumons. Complètement livrés à eux-mêmes, ils peuvent aussi se montrer violents. Une situation qui inquiète les riverains.

"Ils ont tous plus ou moins des couteaux, des lames sur eux. Ils se battent tout le temps entre eux dans la journée. On a constaté pas mal de choses comme ça, ils forcent les portes des immeubles pour dormir. Ils sont quand même très turbulents", confie Théodore Ceccon, gérant d'un restaurant à Barbès.

"Il y a un lien à créer"

Les autorités locales tentent d'intervenir et de se rapprocher de ces mineurs. Lors des périodes de grand froid cet hiver, des locaux ont été ouvertes pour le mettre à l'abri. Plusieurs structures travaillent pour leur venir en aide, mais beaucoup de ces enfants refusent d'être pris en charge. 

"Ce sont des enfants qui ont des difficultés à être avec des adultes, qui sont à la fois très craintifs et parfois très agressifs avec les adultes, donc il y a un lien à créer. Il faut un traitement particulier et on a mobilisé immédiatement les services de l'aide sociale à l'ensemble et l'ensemble des dispositifs de droit commun", assure Eric Lejoindre, maire PS du 18e arrondissement.

Mais face à des enfants marginalisés, l'élu admet que les structures existantes ne sont "pas adaptées" malgré leur travail. Des enquêtes sont en cours pour savoir si ces enfants des rues sont passés par des réseaux organisés pour arriver en France. Pour l'instant, les autorités françaises, espagnoles et marocaines ont échoué à retrouver d'éventuels parents.

Carole Blanchard avec Mathias Tesson, Benoît Durant Kriegel, Marguerite Dumont