À Fatima, deux nouveaux saints catholiques canonisés

Le pape François à Fatima. - TIZIANA FABI / AFP
Deux petits bergers portugais, Francisco Marto et sa sœur Jacinta, ont été déclarés saints samedi par le pape François au sanctuaire de Fatima, au Portugal, où la Vierge leur serait apparue voici cent ans, lors d'une messe suivie par des centaines de milliers de pèlerins.
Après s'être recueilli sur leurs tombes dans la Basilique Notre-Dame du Rosaire, le pape François a prononcé la rituelle formule de canonisation en portugais, sous les applaudissements des fidèles, dont certains en pleurs, massés sur l'immense esplanade du sanctuaire.
De nombreux pèlerins, les traits tirés, ont passé la nuit sur place, à la belle étoile. D'autres ont afflué dès l'aube, petites chaises pliantes sous le bras ou arborant le drapeau de leur pays: Espagne, Pologne, Chili, France ou encore Afrique du Sud.
Six apparitions de la Vierge Marie
Les deux bienheureux Francisco et Jacinta, emportés par la grippe espagnole à l'âge de dix et neuf ans respectivement, deviendront ainsi les plus jeunes saints de l'histoire de l'Eglise catholique qui ne sont pas morts en martyrs.
En 1917, dans le contexte tragique de la Première Guerre mondiale et d'un gouvernement portugais anticlérical, Francisco (9 ans), Jacinta (7 ans) et leur cousine Lucia dos Santos (10 ans), bergers pieux et illettrés d'un village isolé, affirmèrent que Marie leur était apparue à six reprises tous les 13 du mois, à partir de mai. Selon leurs propos, la mère de Jésus leur aurait aussi confié trois "secrets".
Les enfants furent considérés par les autorités locales comme des perturbateurs de l'ordre public, au point d'être mis brièvement au cachot, avant d'être libérés sous la pression populaire.
Miracle ou hallucination?
Les apparitions de la "dame en blanc" que seuls virent les trois petits paysans furent ensuite accompagnées de phénomènes insolites constatés le 13 octobre par 50.000 à 70.000 curieux, venus assister à une "danse du soleil".
Miracle ou hallucination collective renforcée par un phénomène naturel? Les avis divergent parmi les prélats catholiques. L'épisode sera en tout cas décisif pour que l'Eglise déclare en 1930 les apparitions dignes de foi et autorise le culte de Notre-Dame de Fatima.
Trois secrets
Francisco et Jacinta mourront en 1919 et 1920, mais leur cousine Lucia vivra jusqu'à 97 ans avec pour mission de divulguer à l'Eglise le message composé de trois secrets "prophétiques" que lui aurait confié Marie.
Le premier "secret" serait la vision de l’enfer, décrit comme "une grande mer de feu avec des démons et des âmes". Le deuxième annoncerait le début d'"une guerre encore pire que celle en cours" : la Seconde Guerre mondiale.
Sœur Lucia a transmis le troisième secret en 1944 à Pie XII avec la recommandation de ne le divulguer qu’après 1960. Mais aucun pape, avant Jean-Paul II en 2000, n’a voulu le révéler, ce qui a suscité bien des spéculations. Ce troisième secret ainsi révélé parle d’un « évêque vêtu de blanc », comme le pape, "tué par un groupe de soldats tirant des balles et des flèches contre lui", avec d’autres prêtres, évêques, religieux et laïcs.
Pour Jean-Paul II, c’est bien la Vierge qui lui a permis de réchapper à l’attentat dont il a été victime le 13 mai 1981, jour anniversaire des apparitions de Fatima. Le pape polonais a offert à l’évêque du diocèse de Leiria, où est implanté le sanctuaire, le projectile qui a failli le tuer. La balle est toujours visible dans la couronne qui coiffe la statue de la Vierge de Fatima.