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Société

À Bugarach, la fin du monde tarde à venir

Bugarach, au coeur d'un non événement

Bugarach, au coeur d'un non événement - -

La petite bourgade de l’Aude, prétendu dernier refuge à la fin du monde, est au cœur d’un non-événement. Tandis que les journalistes tournent en rond, les villageois s’impatientent.

Des dizaines de journalistes sont toujours sur la brèche, mais l’Apocalypse se fait désirer à Bugarach, censé être le dernier abri contre la fin du monde. Les Mayas nous auraient menti.
Depuis mercredi midi, un important dispositif de sécurité a été déployé autour de la commune et du pic de 1 230 mètres qui la surplombe, afin de prévenir tout mouvement de foule et de bloquer l'accès à la montagne. Mais la perspective de la fin du monde n’a pas produit la panique tant redoutée. Signe du calme qui règne à Bugarach, les autorités n'ont d'ailleurs pas bloqué les routes d'accès au village. De temps à autre, un hélicoptère de la gendarmerie survole le village et quelques avions de chasse militaires empruntent un couloir aérien au-dessus des montagnes, mais ce sont là les seuls objets volants repérés à Bugarach. « L'affluence n'est pas trop importante, même s'il y a du monde dans les rues, entre les plaisantins, les badauds, les journalistes. Tant que les choses se déroulent calmement, dans la tranquillité, nous n'avons pas de raison d'en rajouter en matière de sécurité et de fermeture du village », a déclaré vendredi à la mi-journée le préfet de l'Aude, Eric Freysselinard.

Une ambiance de carnaval

Seul fait notable, l'arrestation de deux personnes qui avaient tenté d'entrer dans le périmètre avec des machettes et des masques à gaz. Faute d'événement à couvrir, certains reporters se rabattent sur tel artisan créateur d'objets en bois, d'autres interrogent les quelques fêtards qui ont garé leurs vans à la sortie du village. Dans une ambiance de carnaval, les déguisements sont de sortie. Ici, des Limousins coiffés d'antennes sur ressorts s'enrubannent dans du papier d'aluminium, allusion au « garage extraterrestre » que le pic de Bugarach serait censé abriter dans ses galeries souterraines. Là, quatre farceurs de Béziers se sont coiffés d'un entonnoir. À l'entrée de Bugarach, des militants de la Confédération paysanne tentent eux aussi d'attirer l'attention des médias avec des banderoles dénonçant le projet d'aéroport à Notre-Dame-des-Landes, près de Nantes.
« Je suis sec comme un bout de bois », lâche un reporter de radio, las de devoir trouver de nouvelles idées de sujets autour d'un village sans histoires.

« Circulez, il n'y a rien à voir ! »

« On est venues à Bugarach pour aller au restaurant, parce que quitte à mourir, autant mourir le ventre plein », plaisante Valérie, béret noir et queue de cheval, en jetant un regard amusé en direction des caméras massées dans le petit village de l'Aude. Habituées de la région, la jeune femme et sa mère jugent « invivable » la présence des 200 journalistes, soit un par habitant, dans les rues de cette commune censée être préservée de la fin du monde.
De leur côté, les habitants restent cloîtrés chez eux en attendant que les choses se tassent. Bérêt rouge siglé « Papi Jo », un retraité rentre chez lui préparer le déjeuner, un panier de salade sous le bras. Il tourne soudain le dos lorsqu'un photographe pointe son objectif vers lui, puis peste contre cette invasion médiatique.

Claire Béziau, avec Jean Décotte