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4 milliards d'habitants d'ici 2100? Pour le démographe Gérard-François Dumont, "on ne peut pas donner une certitude"

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Une étude, qui va à l'encontre des projections de l'ONU, menée par un économiste de HSBC, estime que la population mondiale sera divisée par deux d'ici 2100, à cause d'une baisse de la natalité et une mortalité en hausse. Gérard-François Dumont, géographe et démographe, explique à BFMTV pourquoi c'est contestable.

Serons-nous plus que 4 milliards sur Terre, d'ici à 2100? C'est ce qu'affirme une étude menée par James Pomeroy, économiste de HSBC. Une population mondiale divisée par deux, s'expliquant, selon lui par une diminution de la natalité et une augmentation de la mortalité, due au vieillissement de la population.

Or, pour Gérard-François Dumont, géographe et démographe, cette hypothèse n'en est une que parmi beaucoup d'autres. Au micro de BFMTV, le spécialiste a tout d'abord rappelé que la démographie "ne fait pas de prévisions" mais "des projections".

"Si vous considérez que la mortalité va diminuer et que la natalité va augmenter, vous allez trouver très facilement 12 ou 13 milliards d'habitants. Si au contraire, vous considérez que la natalité continue de diminuer et que la mortalité va peut-être augmenter, vous pouvez arriver à une baisse de population à l'horizon 2100", détaille le spécialiste, qui explique que tout dépend de "l'hypothèse" que l'on prend.

"L'avenir n'est pas écrit"

Mais, pour Gérard-François Dumont, "on ne peut pas donner une certitude". Si l'on connaît certains éléments, dont le fait que nous sommes actuellement en "décélération démographique", c'est-à-dire "que le taux de croissance de la poulation dans la monde ne fait que diminuer depuis les années 1960", "l'avenir n'est pas écrit".

"En général, on livre une projection qui va vers 9, 10 milliards mais ce n'est qu'une projection moyenne", tempère le scientifique. En effet, comme l'explique Gérard-François Dumont, des événements majeurs pourraient influer sur la population d'ici 2100, la faisant diminuer ou augmenter. Des phénomènes de sous-alimentation ou un conflit militaire majeur pourraient notamment faire chuter brusquement la population.

Des situations contrastées selon les pays

Par ailleurs, "le chiffre de population mondiale n'a pas grand sens. Il additionne des chiffres des populations qui ont des comportements extrêmement différents", ajoute le démographe. Certains pays voient leur natalité augmenter, tandis que d'autres la voit baisser. Dans d'autres pays, comme la Chine, la situation est contrastée: la population continue d'augmenter mais les spécialistes sont assurés que le taux va baisser, étant donné la natalité très faible.

Les conclusions de l'étude vont également à l'encontre des projections de l'ONU. Si les Nations unies partagent le constat que la population mondiale atteindra un pic avant de commencer à décroître, James Pomeroy avance qu'il sera atteint dès 2043.

Fanny Rocher