Week-end de l'Ascension: la crainte d'un relâchement face au Covid-19

Il s'agira d'un test grandeur nature pour le gouvernement dans sa politique sanitaire. Alors que la France a enclenché son processus de déconfinement progressif, le pont de l'Ascension se profile. Les Français, usés par le dernier confinement, semblent bien décidés à profiter de l'abolition de la règle des 10 kilomètres et de la fin de l'interdiction des déplacements inter-régionaux et, dès ce mercredi soir, les voyageurs se pressaient dans les gares parisiennes.
Mais cette envie d'un air nouveau ne doit pas faire oublier les règles de base liées à la pandémie. Lors de son passage sur le JT de France 2 mardi soir, le Premier ministre Jean Castex a appelé les Français à la prudence.
"C'est le pont de l'Ascension. On va avoir des mouvements de population, donc on reste encore prudents, on respecte bien les gestes barrières et les règles applicables: le couvre-feu, les limites de regroupement sur l'espace public...", a recommandé le locataire de Matignon lors de sa prise de parole.
Du monde sur les routes et dans les gares
Les déplacements risquent en effet d'être nombreux dans les prochaines heures. Les routes étaient particulièrement chargées en cette fin de mercredi après-midi pusique peu après 18h30, Sytadin comptabilisait 370 kilomètres de bouchons cumulés en Île-de-France, contre 225 habituellement.
Deux heures plus tôt, l'observateur du trafic francilien recensait 408 km de bouchons, un cumul "exceptionnel" pour cette heure. En moyenne à cette heure-ci, les cumuls de bouchons se situent plutôt entre 150 km et 175 km. Au niveau national, Bison futé prévoyait du monde sur les routes dès ce mercredi, avec dimanche une journée rouge dans tout l'Hexagone dans le sens des retours.
Côté transport ferroviaire, la SNCF a dans la semaine annoncé attendre 1 million de voyageurs dans les TGV et Intercités à l'occasion du pont. En tout, 8 TGV sur 10 seront en circulation. Sur les axes très fréquentés, comme l'Atlantique et le Sud-Est, ce chiffre montera à 100%. Au total, 2500 TGV circuleront entre ce mercredi et dimanche.
Appels à la vaccination
Sur France 2, le Premier ministre a demandé à la population de redoubler d'efforts en prévision de ce week-end prolongé, appelant les Français à se faire vacciner y compris pendant cette période. L'exécutif, qui mise sur 20 millions de premières doses administrées au 15 mai, craint en effet une baisse du rythme vaccinal durant les prochains jours, qui comptent une journée fériée mais aussi un week-end.
"N'hésitez pas à aller vous faire vacciner dans un centre de vaccination de votre lieu de villégiature. Ils sont ouverts. Nous allons les laisser ouverts tout le week-end. Je compte sur la mobilisation", a ajouté le chef du gouvernement. Dans son appel, il a été rejoint par le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal qui, à l'issue du Conseil des ministres de ce jour, a rappelé qu'"il n'y avait pas de pont pour la vaccination."
Quelques jours auparavant, lors d'un déplacement à Clichy-sous-Bois en Seine-Saint-Denis, le ministre de la Santé Olivier Véran avait déjà appelé les Français à la plus grande prudence.
"J'invite les Français à aller se faire tester massivement avant de retrouver leurs proches. C'est aussi un outil de sécurité et je le redis: ce n'est pas parce qu'un test est négatif que vous pouvez baisser la garde, surtout quand vous êtes avec des proches fragiles", a-t-il mis en garde.
"Le risque perdure, même pour les vaccinés"
Ces déplacements massifs n'inquiètent d'ailleurs pas que les politiques. Les professionnels de la santé tirent eux-mêmes le signal d'alarme. "Un relâchement à plus de 20.000 cas par jour ferait repartir l’épidémie très vite quand on connaît la transmissibilité des variants", assure par exemple sur notre antenne Alain Combes, chef du service de réanimation à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière de Paris.
"Il faut une grande prudence. Les restaurants ne sont pas ouverts, on est dans une situation de contrainte très forte mais le risque perdure et même pour les personnes vaccinées, il faut continuer à faire attention. Tant que la transmission reste comme actuellement, il y a des risques pour les personnes vaccinées", ajoute-t-il encore.
Pour Bruno Megarbane, les risques d'une reprise de l'épidémie "sont faibles." "Il y a une dynamique générale de régression de l’épidémie. Il peut y avoir un ralentissement de la baisse, mais pas de rebond, ça va continuer à s’améliorer", pronostique-t-il, soulignant lui-aussi que le maintient des gestes barrières, dont "le port du masque dans un lieu clos avec public", est nécessaire.
De son côté, l'épidémiologiste Catherine Hill, invitée de notre antenne, appelle elle aussi les Français à se faire vacciner, "même pendant le week-end de l'Ascension."
"L’AstraZeneca c’est mieux que rien, c’est même très bien, c’est un très bon vaccin et la balance bénéfice risque est largement en faveur d’AstraZeneca", ajoute-t-elle, alors que la Haute Autorité de Santé a confirmé ce mercredi soir réserver ce vaccin aux plus de 55 ans.
Ce mercredi, alors que le nombre de malades du Covid-19 hospitalisés est descendu sour la barre des 25.000 pour la première fois depuis la mi-mars, 21.498 nouvelles contaminations ont été enregistrées en 24 heures, contre 19.791 mardi et 26.000 mercredi dernier.