Une future thérapie contre Alzheimer? Le CNRS avance une piste prometteuse grâce aux dromadaires

Un cerveau sain (à gauche) et un cerveau d'une personne atteinte de la maladie d'Alzheimer (à droite). - Timothy Rittman, University of Cambridge / AFP
Petit à petit, la recherche permet de découvrir des armes dans la lutte contre la maladie d'Alzheimer. Une équipe de chercheurs du CNRS expose dans un article publié le 12 mai dans la revue scientifique Nature Communications la dernière piste prometteuse en date.
Ces chercheurs français ont étudié les effets de petits anticorps, appelés nanocorps, capable de s'attaquer à la protéine Tau, l'une des responsables de ce trouble neurodégénératif. La maladie d'Alzheimer, qui n'a pas à ce jour de traitement, se manifeste grossièrement en deux phases à l'intérieur du cerveau.
A31, Z70 et H3-2, de nouveaux alliés?
D'abord l'apparition d'une protéine, l'amyloïde, qui vient se répandre entre les neurones. Puis l'hyperphosphorisation, ou accumulation anormale, d'une autre protéine, la protéine Tau. C'est ce deuxième mécanisme qui entraîne dans la foulée la mort des neurones, le moment où la démence se manifeste.
C'est donc sur cette deuxième partie, l'accumulation nocive de protéine Tau, que les chercheurs ont découvert un potentiel nouveau mode d'action, qui pourrait empêcher son agrégation nocive.
Comme l'explique le CNRS dans une vidéo dédiée à cette découverte, les scientifiques se sont tournés "vers des solutions issues des systèmes immunitaires des camélidés, des animaux comme les dromadaires ou les lamas".
Pourquoi? En raison de leur particularité celle de "produire des nanocorps, qui se fixent sur des cibles comme tout anticorps, mais qui sont bien plus simples et si petits qu'ils sont capables d'agir à l'intérieur même des cellules".
Les nanocorps appelés A31, Z70 et H3-2 ont démontré leur efficacité lors de tests sur des cultures de cellules neuronales de souris. Leur avantage tient de leur taille, comme l'explique le biologiste Clément Danis:
"C'est dix fois plus petit qu'un anticorps classique. On va plus facilement pouvoir travailler avec eux pour les modifier, les adapter à ce que l'on veut faire dans les laboratoires".
Toutefois, comme le note le CNRS, plusieurs essais cliniques d'immunothérapies anti-tau ont été interrompus "en raison d'une absence d'engagement de la cible ou d'efficacité".
Les chercheurs soulignent le besoin de soutien de la recherche fondamentale pour mettre au point de procédés de biothérapie, des traitements sur la base d'éléments issus du vivant.
Si cette découverte est prometteuse, elle devra être renforcée par davantage de recherche, soit encore de nombreuses années avant une potentielle application clinique.
Un traitement agissant sur la première phase de la maladie, le Leqembi, vient d'être autorisé par les autorités européennes après un long cheminement réglementaire. L'efficacité de celui-ci pour freiner la maladie a été démontrée, mais son utilisation a été prudemment restreinte pour limiter les potentiels effets indésirables.