TOUT COMPRENDRE - Face au Covid-19, faut-il vacciner les enfants contre la grippe et la gastro?

Coronavirus, grippe, gastro... "Tout va arriver en même temps", s'alarment les pédiatres. À moins de deux semaines de la rentrée scolaire, sept sociétés savantes de pédiatrie s'alignent sur la position de l'Académie de Médecine et encouragent les parents à vacciner les enfants contre la grippe et le rotavirus, à l'origine de gastro-entérites.
L'objectif ? "Ne pas alourdir la charge de soins des structures sanitaires" et réduirent les risques de "suspecter une Covid-19", et donc de pratiquer des tests PCR "désagréables" car réalisé au fond du nez avec un écouvillon "et nécessairement répétitifs", expliquent les praticiens dans leur lettre ouverte publiée ce mercredi.
L'occasion de revenir en détail sur ces vaccins, dont les spécificités ne sont pas forcément connus de tous les parents.
• Pourquoi les pédiatres recommandent-ils ces vaccins?
À quelques jours de la rentrée et à l'approche de la fin de l'été, les pédiatres s'inquiètent d'une "surchage de travail pour les cabînets médicaux et les centres hospitaliers", explique à BFMTV.com Brigitte Virey, présidente du Syndicat national des pédiatres français.
Dans leur lettre ouverte, les professionnels voient en effet à cette vaccination "deux avantages". La première, "ne pas alourdir (...) 'le fardeau' des structures sanitaires en diminuant de façon drastique les épisodes de gastro-entérites chez les petits nourrissons". La seconde, "réduire la fréquence chez l’enfant des opportunités de suspecter une Covid-19 et ses conséquences", en raison des symptômes similaires entre les différentes maladies.
"En collectivité, que ce soit à la crèche ou à l'école maternelle, un enfant développe tous les quinze jours une fièvre, aux alentours de 38 degrés par exemple. Va-t-il falloir effectuer un test écouvillon, particulièrement douloureux, à chaque fièvre aux enfants?"
La pédiatre indique par ailleurs que le Covid-19 prend parfois une forme digestive sur les plus jeunes. Avec une vaccination contre la gastro-entérite, les médecins pourront plus rapidement diagnostiquer une contamination au coronavirus.
• Qu'en disent aujourd'hui les autorités sanitaires?
À l'heure actuelle, la vaccination contre la grippe est recommandée seulement aux enfants de plus de six mois qui présentent une pathologie particulière, comme un asthme ou un diabète. La liste des maladies est disponible sur le site de vaccination-info-service. En revanche, pour les autres enfants qui ne présentent pas de "risque de complication", le vaccin n'est pas recommandé.
À titre de comparaison, la majorité de nos voisins européens ne recommande pas le vaccin pour les enfants, explique Brigitte Virey.
La vaccination contre le rotavirus n'est quant à elle plus recommandée par les autorités sanitaires françaises, après l'avoir été en 2013. Le Haut conseil de la santé publique est revenu sur sa préconisation en 2015, après "la notification d’effets indésirables graves": deux morts après des cas "d'invagination intestinale aiguë", une "urgence médico-chirurgicale caractérisée par le retournement de l'intestin grêle sur lui-même" - "en réalité, un seul cas était réellement attribuable à la vaccination", notent aujourd'hui les pédiatres dans leur lettre ouverte.
En Europe, une quinzaine de pays recommande cette vaccination, "dont l'Allemagne qui a récemment réalisé une étude montrant le vaccin présente un risque d'invagination intestinale aiguë minime", ajoute Brigitte Virey. "Aujourd’hui, ce risque d’invagination intestinale, survenant 5 à 10 jours après l’administration de la première dose du vaccin essentiellement, est bien connu, bien circonscrit", écrivent les pédiatres.
• Ces vaccins ont-ils des contres-indications ?
Les enfants allergiques à une substances active de l'un des vaccins ne doivent pas se faire vacciner, insistent les autorités sanitaires. Le rotavirus n'est pas non plus conseillé aux enfants ayant déjà souffert d'invagination intestinale, de malformation non opérée de l'appareil gastro-intestinal ou d'immunodéficience "connue ou suspectée".
Dans les deux cas, si l'enfant présente, le jour de la vaccination, des symptômes de l'une ou l'autre maladie, il convient de reporter la vaccination à une date ultérieure.
• Comment se déroule l'administration ?
Particularité du vaccin contre le rotavirus, il est administré par voie orale, en deux ou trois doses, à partir de deux mois. La vaccination doit être terminée avant les six mois du nourrisson.
Pour la grippe, le vaccin est administré au travers de deux injections, à un mois d'intervalle. "Cela ajoute des injections à un calendrier de vaccination déjà important" pour les enfants, reconnaît la présidente du Syndicat national des pédiatres français.
• Quel est le coût de ces deux vaccins ?
L'un est largement plus onéreux. Si un parent veut vacciner son enfant contre la gastro-entérite, il devra débourser entre 130 et 140 euros et ne sera pas remboursé par l'Assurance Maladie. À l'inverse, le coût du vaccin contre la grippe est d'une dizaine d'euros et sera remboursé intégralement par la Sécurité sociale si l'enfant est considérée comme une personne à risque.
Si leur recommandation était suivie par les autoriés sanitaires, les pédiatres notent que "garantir le remboursement de ces vaccins serait une mesure de cohésion sociale indispensable".