Santé: que faire en cas de contact avec des chenilles processionnaires?

Une chenille processionnaire (ILLUSTRATION). - DR
Ce sont de petits insectes velus dont les poils viennent se nicher dans la peau. Le 27 avril, un décret pris par le gouvernement classait deux espèces de chenilles processionnaires, celle du pin et celle du chêne, comme nuisible à la santé humaine. Et pour cause. Entre janvier 2012 et décembre 2019, l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail a recensé 1274 cas de personnes touchées.
"Elles possèdent des poils urticants qui vont se détacher, donc il n'y a même pas besoin de contact direct. Comme des petites fléchettes, ils vont venir se nicher dans la peau. Cela provoque des plaques rouges, de l'urticaire, parfois cela peut toucher les yeux", analyse la professeure Marie-Sylvie Doutre, dermatologue au CHU de Bordeaux et membre de la société française de dermatologie.
La saison des chenilles processionnaires bat actuellement son plein, marquée par le moment où elles quittent les arbres, où elles étaient logées dans des cocons blancs bien visibles sur les branches, pour aller s'enfuir dans le sol. Marie-Sylvie Doutre revient pour BFMTV.com sur les gestes à adopter en cas de contact avec cette espèce.
• Pour se prémunir, porter des vêtements longs
La meilleure protection reste la prévention. Alors que les chenilles processionnaires sont dangereuses au moment de leur migration, il est important de bien s'habiller lors des balades en forêt ou même dans un parc. Une fois au sol, les chenilles se déplacent en longue file sous forme de procession, d'où leur nom.
"Il faut porter des chemises, des pantalons, des chaussures fermées et ne pas sortir en tongs! Et quand on revient à la maison, il faut les laver puis les passer à la machine à laver et au sèche-linge", conseille Marie-Sylvie Doutre.
De même, la spécialiste rappelle quand dans les régions du sud-est, certaines personnes préfèrent ne pas faire sécher leur linge dehors, de peur que le vent ne vienne y déposer les fameux poils urticants des chenilles.
• Antihistaminiques et crème à la cortisone
Si malgré ces précautions, vous finissez par entrer en contact avec la chenille, vous risquez de développer des plaques d'urticaire, et dans certains cas une infection au niveau des yeux. Comment réagir dans ce genre de situation?
D'abord, il est important de souligner que dans la grande majorité des cas, ce genre de symptômes, bien que désagréables, ne sont pas dangereux, et disparaissent au bout de quelques heures, voire une journée. Pour calmer les démangeaisons, Marie-Sylvie Doutre évoque la prise d'antihistaminiques et l'application de crèmes avec de la cortisone.
Une consultation médicale n'est pas systématiquement nécessaire. Cependant, si les symptômes persistent, ou en cas de contact avec les yeux, mais également si des troubles respiratoires apparaissent, il est conseillé de consulter. Dans de très rares cas, la personne contaminée peut développer un choc anaphylactique.
• Attention aux animaux et aux enfants
Les adultes ne sont pas les personnes les plus à risques. Les enfants et les animaux domestiques, notamment les chiens et les chats, peuvent en revanche développer des symptômes plus importants car ils sont plus susceptibles d'entrer en contact direct avec les chenilles. Un chien ou un chat en reniflant l'insecte ou en le touchant avec la patte, un enfant en l'attrapant à main nue.
"Pour les enfants, qui touchent des chenilles et après se frottent les yeux, il peut être nécessaire de consulter un ophtalmologue afin de retirer les poils des yeux des enfants", met en garde Marie-Sylvie Doutre.
Quant aux chiens qui seraient amenés à renifler ou lécher les chenilles, là aussi, ils peuvent développer une réaction allergique importante, voire un choc anaphylactique. Il est conseillé de consulter son vétérinaire de toute urgence.
• Une présence étendue sur le territoire
Des conseils qui sont d'autant plus d'actualité que la zone d'activité des chenilles processionnaires s'étend désormais sur l'intégralité du territoire. "Même dans les parcs autour de Paris", assure Marie-Sylvie Doutre. En cause? Le réchauffement climatique.
"J'avais mené une enquête il y a une dizaine d'années. Déjà à cette époque, la zone d'action des chenilles processionnaires augmentait", déclare-t-elle.