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Santé

Qu'est-ce que la "réserve sanitaire", mobilisée en pleine crise du coronavirus?

Le président français Emmanuel Macron et le ministre de la Santé Olivier Véran devant le personnel du Samu le 10 mars 2020 à Paris

Le président français Emmanuel Macron et le ministre de la Santé Olivier Véran devant le personnel du Samu le 10 mars 2020 à Paris - Ludovic Marin / POOL / AFP

À l'image de la réserve militaire, il existe en France des réservistes sanitaires, mobilisés en cas de crise sanitaire nécessitant des renforts du personnel médical. Alors que le Covid-19 continue de se propager en France, le gouvernement y fait appel.

"Nous mobilisons la réserve sanitaire au plan national, nous faisons donc appel aux candidats, aux volontaires". Dans son point quotidien de mardi soir, le directeur général de la Santé Jérôme Salomon a confirmé que le gouvernement faisait appel à "la réserve sanitaire", face à la progression du nouveau coronavirus Covid-19, pour renforcer les équipes sanitaires françaises.

Dans un communiqué commun publié mardi, l'Ordre des médecins, l'Ordre des infirmiers et Santé Publique France "appellent médecins et infirmiers qui le peuvent à rejoindre la réserve sanitaire".
La réserve sanitaire "est la réserve du ministère de la Santé", explique la page du gouvernement dédiée à cette mission, qui existe depuis dix ans. "Regroupant des professionnels de tous les métiers du secteur de la santé, salariés, libéraux ou retraités, elle est mobilisée par les autorités lorsqu’une situation sanitaire exceptionnelle nécessite l’envoi de renforts".

Participer à la réserve se fait sur la base du volontariat, il suffit de s'inscrire sur un site dédié. La liste des personnes pouvant postuler à cette mission est déterminée par l'arrêté du 1er avril 2008. Le critère principal est d'exercer dans le milieu de la santé, et d'être "capable de s’y intégrer très rapidement", écrit Santé Publique France.

Retraités, étudiants et non-soignants

Peuvent évidemment devenir réservistes sanitaires les médecins, infirmiers, aides-soignants, de tout type de services "y compris médico-sociaux" écrit Santé Publique France. Mais la diversité des missions possibles (appui à la réponse téléphonique ou encore expertise dans l'organisation de la réponse à une épidémie) appelle également le secours d'agents hospitaliers non-soignants

Ainsi, les "secrétaires médicaux, assistants de régulation médicale, cadres hospitaliers, ingénieurs", ainsi que les "professionnels des agences régionales de santé, inspecteurs de l’action sanitaire et sociale, épidémiologistes" ou encore les psychologues peuvent être réservistes.

Les professionnels déjà employés devront obtenir l'accord de leur employeur pour devenir réserviste. Il peut aussi s'agir de personnes retraitées "depuis moins de cinq ans" ou ayant "décidé d’interrompre leur exercice pour convenance personnelle", selon le communiqué de l'Ordre des médecins.

Les plus jeunes sont également appelés à agir, même ceux n'ayant pas complètement fini leur formation: les "étudiants paramédicaux et médicaux, ainsi que les internes en médecine et en pharmacie, peuvent aussi devenir réservistes sanitaires", écrit Santé Publique France.

Comment sont-ils mobilisés?

"Il n’est pas nécessaire d’avoir une condition physique particulière. Il suffit d’être apte médicalement à exercer son métier et présenter un certificat d’aptitude lors de l’engagement", écrit l'organisme.

Il est tout de même précisé que de longs voyages en avion ou des conditions climatiques éprouvantes (tropicales par exemples) peuvent faire partie de la mission et qu'il faut être capable de les endurer. Des membres de la réserve sanitaire ont par exemple déjà été mobilisés dans les hôpitaux des Antilles lors d’une épidémie de Chikungunya en 2015 et de Zika en 2016.

Il est tout à fait possible que les personnes étant engagées dans la réserve ne soient jamais mobilisées, "cela dépend de l’actualité, du type de compétences recherchées, du nombre de candidats au départ", mais aussi d'aptitudes parfois particulières, "exemple : être immunisé contre la rougeole si la mission intervient dans un contexte de rougeole". Des réservistes avaient notamment été appelés en 2016 lors d'une épidémie de rougeole en Nord-Pas-de-Calais.

Les réservistes sont indemnisés durant leur mission, Santé Publique France donne des niveaux indicatifs sur son site: 300€ par jour de mission et 150€ par jour de formation pour les médecins, pharmaciens et sages-femmes. 125€ par jour de mission et 62,50€ par jour de formation pour les psychologues, infirmiers, ingénieurs et cadres administratifs supérieurs.

Salomé Vincendon