Psychiatrie: des soignants réclament plus de postes pour éviter le "naufrage"

A l'hôpital psychiatrique de Ville-Evrard, en Seine-Saint-Denis, le 3 novembre 2020 - Christophe ARCHAMBAULT © 2019 AFP
Ils lancent un appel à l'aide. 75 soignants ont signé une tribune, publiée ce lundi dans les colonnes du Parisien, pour alerter sur la situation en psychiatrie à l'hôpital. Les signataires, qui interpellent la nouvelle Première ministre Élisabeth Borne, demandent plus de moyens et la création de postes, pour éviter un "naufrage".
Pour illustrer ce qu'ils vivent au quotidien, les soignants évoquent cet épisode, "un dimanche d'avril aux urgences d'un grand hôpital de la région parisienne", où "18 patients attendent une prise en charge psychiatrique, tous dans des situations graves imposant une hospitalisation immédiate". Pour les prendre en charge, sont présents un psychiatre et un infirmier.
Augmentation des besoins et fermeture de lits
"La situation d’engorgement des urgences psychiatriques n’est pas nouvelle, elle s’aggrave d’année en année, en psychiatrie d’adultes comme en pédopsychiatrie. Mais, depuis la pandémie, nous vivons une accélération dramatique de cet engrenage. Deux raisons principalement : l’augmentation très forte des besoins de soins psychiatriques d’une part, et la fermeture de très nombreux lits dans les services spécialisés par pénurie de personnel soignant d’autre part", écrivent les signataires.
Ces derniers soulignent les conditions de travail en unités de soins psychiatriques, "éprouvant(es) et stressant(es)", qui dissuadent de nombreux soignants. "On leur demande de faire toujours plus vite, avec moins de personnel et moins de moyens, et pèsent sur eux de plus en plus de charges administratives", expliquent les soignants, qui dénoncent un "cercle vicieux de la pénurie".
"Pas assez nombreux à la base (même quand tous les postes sont occupés), les soignants quittent nos hôpitaux ou sont absents pour des raisons de santé, ce qui réduit encore plus les effectifs disponibles", ajoutent les signataires.
"Si rien n'est fait, un avenir très sombre nous attend"
Pour pallier ces problèmes, les soignants demandent la mise en place de "ratios minimaux" par service, "une nécessité vitale, réclamée par tous ceux qui s’inquiètent de l’avenir de nos hôpitaux".
"Qui pourra prendre enfin cette décision courageuse de desserrer le carcan qui contraint sans cesse les effectifs hospitaliers et nous mène au naufrage? (...) L’engagement doit venir de plus haut. Quoi qu’il en soit, et quoi qu’il en coûte, si rien n’est fait dans ce sens, un avenir très sombre nous attend", concluent-ils.