Pourquoi la disparition du timbre rouge complique et ralentit le dépistage néonatal

Un bébé dans une maternité (photo d'illustration) - BFMTV
Une conséquence inattendue. Avec la fin des lettres prioritaires, le fameux timbre rouge de la Poste, depuis le début de l'année, le dépistage néonatal se trouve freiné. Le passage à 48 heures de l'acheminement des courriers autrefois transmis en 24 heures ralentit la transmission des échantillons sanguins prélevés sur les nouveau-nés et, par conséquent, retarde certains diagnostics.
"Une durée courte d’acheminement de ces buvards est primordiale pour pouvoir analyser le plus rapidement possible le sang prélevé", écrit dans un communiqué l'Alliance maladies rares.
En coordination avec d'autres associations, elle pointe notamment deux maladies, la leucinose et l'hyperplasie congénitale des surrénales, qui "peuvent conduire à des comas, des hospitalisations longues en réanimation et des décès dès les premiers jours après la naissance" et appelle à "tout faire pour dépister au plus tôt pour éviter ces situations dramatiques".
Treize pathologies dépistées
Le dépistage néonatal existe depuis 1972 et vise à détecter et à prendre en charge de manière précoce des maladies rares mais graves, d'origine génétique pour la plupart. Quelques gouttes de sang sont prélevées au troisième jour de l’enfant au plus tard, placées sur un buvard dans une enveloppe et envoyées au Centre régional du dépistage néonatal où des analyses sont effectuées.
Dans son communiqué, l'Alliance maladies rares explique que "plus de 37 millions de nouveau-nés ont été dépistés en France et plus de 30.000 enfants ont eu la vie sauve ou bien ont pu éviter un handicap lourd, grâce à une prise en charge rapide".
En outre, depuis le 1er janvier, le dépistage néonatal a été étendu à sept maladies supplémentaires, le portant à la détection de treize pathologies au total, une avancée saluée par les professionnels de santé.
"On parle juste de vie ou de mort", dénonce auprès de France Inter Hélène Gaillard, présidente de l'association Alliance maladies rares.
"Au mieux 48 heures"
"On va expliquer à une maman dont l'enfant décédera ou sera dans le coma, avec un éventuel handicap qui peut suivre, que le courrier n'est pas arrivé assez tôt. Ce n'est pas entendable", poursuit-elle.
Les associations précisent qu'aujourd'hui, l’acheminement des buvards se fait au mieux en 48 heures et qu'une "augmentation très significative des buvards acheminés en plus de quatre jours a été constatée dans plusieurs régions".
Elles dénoncent une dégradation des conditions de santé dans le pays à cause d'une "politique purement commerciale" de la Poste, "dans le cadre de l’une de ses missions de service public".
La solution Chronopost
"À la place, on nous propose des dispositifs non seulement plus coûteux, mais surtout qui ne sont pas opérationnels puisqu’ils nécessiteraient du personnel de secrétariat supplémentaire que nous n’avons pas", regrette le Pr Emmanuel Rusch, responsable du Centre national de coordination du dépistage néonatal (CNCDN), au Figaro.
Pour garantir un acheminement en vingt-quatre heures, La Poste envisage une solution "sur mesure" grâce à la filière Chronopost. Toutefois, selon les calculs du CNCDN, cela multiplierait le coût du transport par sept, sans compter le prix des enveloppes, jusqu'alors pré-imprimées, ou du temps humain supplémentaire nécessaire.