Pass sanitaire: des professionnels de santé, dont l'Ordre des médecins, s'inquiètent d'une limitation de l'accès aux soins

Des soignants dans un hôpital français en pleine épidémie de Covid-19. (Photo d'illustration) - Martin BUREAU
Alors que le Conseil constitutionnel doit rendre sa décision sur le pass sanitaire dans deux jours, de nombreux professionnels font part de leurs inquiètudes concernant sa mise en œuvre dans les établissements de santé. Ce dispositif "ne doit pas priver des patients de soins", s'est inquiété l'Ordre des Médecins dans un communiqué diffusé lundi, rejoignant certains syndicats et associations.
"Il faut préserver la santé"
"L'Ordre des médecins rappelle que la mission de service public assumée par tous les soignants est de garantir l'accès aux soins pour tous", s'inquiète la structure qui coordonne la profession médicale.
"Il ne faut pas restreindre l'accès aux soins", poursuit auprès de BFMTV Patrick Berche, membre de l'Académie de médecine et médecin biologiste.
"Il est évident que quelqu'un qui doit aller à l'hôpital pour une urgence, ce n'est pas toujours clair. C'est difficile de lui empêcher de se rendre à l'hôpital à cause de ça. Il faut préserver la santé et ne pas mettre en danger certaines personnes parce qu'elles ne sont pas vaccinées", poursuit-il sur notre antenne.
Inquiétude pour les patients en fin de vie
Les directeurs d'Ehpad de l'AD-PA ont appelé, eux, "à considérer les établissements pour personnes âgées comme des lieux de résidence et ainsi garantir aux personnes âgées qui y résident la possibilité de maintenir les liens familiaux, sociaux, relationnels... qui sont les leurs dans les mêmes conditions que pour tout Français".
Un point de vue partagée par la Société française d'accompagnement et de soins palliatifs (SFAP), qui a alerté "sur l'importance de maintenir la présence des proches auprès des patients en fin de vie".
"Comment accepter que des personnes ayant besoin de soins et qui s'adressent à l'hôpital puissent être refoulées parce qu'elles n'ont pas de pass sanitaire?" s'interrogeaient des professionnels du monde de la psychiatrie dans une lettre ouverte adressée vendredi à Jean Castex.
"Plutôt qu'éloigner des patients des services de soins, il serait plus adapté, et fortement nécessaire, de favoriser les accompagnements vers les lieux de vaccination pour les patients les plus démunis sur le plan psychologique", ajoutent les signataires de cette tribune, parmi lesquels figurent l'Union syndicale de la psychiatrie, le syndicat des psychiatres des hôpitaux ou encore la Fédération nationale des associations d'usagers en psychiatrie.
Des "obstacles supplémentaires"
Jeudi également, le Syndicat National des Médecins Hospitaliers (SNMH FO) a invité à refuser "ces obstacles supplémentaires à la prise en charge des patients!". La colère est partagée par le Collège des gynécologues, qui, avant même le vote de la loi, a demandé que "la prise en charge des grossesses puisse se poursuivre dans les conditions habituellement requises."
Le projet de loi anti-Covid, qui a été adopté définitivement le 25 juillet par le Parlement, prévoit l'obligation du pass sanitaire pour les patients non urgents ou les visiteurs dans les établissements de santé et maisons de retraite.
Déjà appliqué dans les lieux culturels et de loisirs depuis le 21 juillet, l'extension du pass sanitaire est prévue le 9 août. Entre-temps, le Conseil constitutionnel doit rendre sa décision sur la loi jeudi.