L'état psychologique des Français s'est dégradé avec la crise sanitaire, surtout chez les jeunes

L’Observatoire de la santé mentale de la Mutualité française dévoile, dans un rapport publié ce jeudi, des chiffres inquiétants concernant la santé mentale des Français à la sortie de la crise sanitaire du Covid-19, et notamment des jeunes. En France, 1 personne sur 5 est touchée par un trouble psychique, ce qui représente 13 millions de personnes. Plus de 6 Français sur 10 (64%) déclarent avoir déjà ressenti un trouble ou une souffrance psychique.
Les résultats de l'Observatoire révèlent que la santé mentale des Français s'est dégradée avec la crise sanitaire. La satisfaction de vie actuelle des Français à la mi-février était de 77.6%, soit inférieure de 7 points à la période hors épidémie où ce taux s'élevait à 84.5%. Elle est toutefois supérieure à celle observée au début du premier confinement de mars 2020, qui s'élevait à 66,3 % du 23 au 25 mars 2020, selon les données de l’enquête Coviprev5, réalisée par Santé publique France.
Hausse de l'anxiété et des états dépressifs
Et, au cours de la dernière année, 95 à 97 % des médecins généralistes, psychiatres et psychologues font le constat net et partagé d’une augmentation des consultations pour anxiété, sentiment d’isolement, état dépressif et troubles du sommeil.
Dans l'Hexagone, la consommation d'alcool est également supérieure à la moyenne des pays de l'OCDE avec l'équivalent de 130 bouteilles de vin consommées par personne et par an (contre 100 bouteilles en moyenne au sein de l'OCDE). Même constat pour la consommation de cannabis qui est plus élevée chez les jeunes Français (21,8% des 18-34 ans) que chez leurs voisins européens (14,4 %).
Or la consommation abusive de ces substances peut être source de troubles psychiques importants. Quant au taux de suicide, de 13 pour 100 000 habitants, c’est également l’un des plus élevés des pays d'Europe. Il près de trois points supérieur à la moyenne européenne qui est de 10.5 pour 100.000 habitants.
Un accès inégal aux psychiatres et aux psychologues
Cette crise révèle aussi une nouvelle fois toutes les difficultés pour accéder à des soins psychiatriques, malgré tous les dispositifs lancés par le gouvernement. Avec 23 psychiatres pour 100.000 habitants, la France enregistre l’une des densités psychiatriques des plus élevées d’Europe. Et sur le territoire, les écarts de densité entre départements sont importants: les psychiatres sont concentrés dans les grandes agglomérations, notamment à Paris qui apparaît comme un cas particulier avec 99 psychiatres pour 100.000 habitants.
Par ailleurs, 40 à 60% des personnes souffrant de troubles psychiques en France ne seraient pas prises en charge. Près de la moitié des Français concernés (47% d'entre eux) indiquent que le tarif de la consultation des psychologues est l’obstacle principal à la consultation, d'après un sondage Harris Interactive pour la Mutualité française. Le rapport estime qu'une personne souffrant de troubles mentaux a, en moyenne, un reste à charge avant intervention de la mutuelle de 1300€ par an, soit trois fois plus que les autres patients (470 euros).
L'Observatoire formule donc 10 propositions pour améliorer la prise en charge des patients souffrant de troubles psychiques. Elle préconise notamment de "développer des actions à destination du grand public pour déstigmatiser les troubles mentaux, pour aider les populations à identifier des signes de mal-être, et pour expliquer les rôles des différents intervenants de la santé mentale".
Emmanuel Macron avait approuvé mi-janvier, lors d'une visioconférence avec des pédopsychiatres, la tenue avant l'été d'"assises de la psychiatrie et de la santé mentale", avec un axe dédié à l'enfance afin d'améliorer l'accès aux soins pédopsychiatrique. Initialement voulues par Emmanuel Macron pour avant l'été, elles ont été repoussées à "septembre prochain" pour que "le travail préparatoire" se poursuive "tout au long de l'été".