BFMTV
Santé

"On se trompe de combat": un médecin déplore les discours opposés à la cigarette électronique

placeholder video
Avec 2024, de nombreux de Français s'essaient à la cigarette électronique pour arrêter de fumer. Mais les médecins sont divisés sur les avantages et dangers éventuels du vapotage. Le professeur Antoine Flahault plaide en sa faveur ce lundi 8 janvier sur BFMTV.

C'est la résolution 2024 de nombreux Français: arrêter de fumer. Pour certains, cela passe par l'abandon de l'habituelle cigarette au profit de la cigarette électronique, alors qu'en 2023, plus d'un adulte sur trois affirme avoir déjà utilisé une cigarette électronique.

Est-ce pour autant une bonne idée pour arrêter de fumer, alors que ses risques pour la santé restent incertains? Certains médecins, dont le professeur de santé publique Antoine Flahault, plaident en sa faveur.

"On fait perdre des chances aux fumeurs"

Le 1er janvier, le professeur écrit un plaidoyer sur les réseaux sociaux pour la cigarette électronique. "Les politiques publiques sont un peu partout hostiles à la vape. On fait perdre des chances précieuses aux fumeurs", estime-t-il.

"L'un des meilleurs moyens pour quitter la cigarette"

"Je pense qu'on se trompe de combat quand on combat la vape", explique-t-il ce lundi 8 janvier au micro de BFMTV.

"Il faut lutter contre le tabac avec toutes les stratégies qui permettent de réduire le risque du tabac et la vape est l'un des meilleurs moyens aujourd'hui pour quitter la cigarette et aller vers une abstinence", justifie-t-il.

"C'est 75.000 morts par an en France, le tabac. C'est une tragédie", rappelle encore l'addictologue. "L'OMS (Organisation mondiale de la santé NDLR) chiffre à une personne sur deux parmi les fumeurs qui vont mourir à cause de leur addiction au tabac", ajoute-t-il.

L'absence de combustion du tabac

Mais pourquoi la cigarette électronique, qui contient, comme les cigarettes classiques, de la nicotine, ne serait-elle pas dangereuse? "Dans la cigarette, ce n'est pas la nicotine qui tue, c'est la combustion du tabac", explique Antoine Flahault.

"Elle dégage des goudrons qui sont cancérigènes et de l'oxyde de carbone qui est très dangereux pour les vaisseaux et les organes", développe-t-il.

"La nicotine est addictive (...), mais c'est parmi les substances addictives l'une des moins dangereuses", soutient encore le médecin.

Interrogé sur le succès croissant du vapotage chez les adolescents, qui inquiète certains médecins craignant de les voir devenir dépendants de la nicotine, Antoine Flahault préfère rester positif. "Ils ont quelque part déclassé la cigarette et ça c'est une très bonne nouvelle", explique-t-il.

Des dangers encore méconnus à long terme

La position du professeur ne fait cependant pas l'unanimité chez les professionnels de santé. Nathalie Lajzerowics, addictologue à l'hôpital Suburbain du Bouscat, en Gironde, a une position plus nuancée. Elle estime auprès de BFMTV que "la cigarette électronique est une option", car elle ne contient "pas de goudron, pas de combustion, pas d'élément cancérigène".

"Par contre, à long terme, les effets de la cigarette électronique ne sont pas parfaitement connus à ce jour", prévient-elle. Pour elle, mieux vaut donc être prudent et privilégier une "utilisation transitoire" du vapotage.

Il existe par ailleurs d'autres substituts au tabac si l'on souhaite arrêter de fumer. L'addictologue recommande l'utilisation de patchs ou de chewing-gums à la nicotine, mais toujours après avis médical.

Le tabac reste la première cause de mortalité évitable en France, avec 75.000 morts par an. L'Assemblée nationale a adopté en décembre en première lecture un texte pour interdire les "puffs", des cigarettes électroniques à usage unique prisées par un public jeune.

Juliette Desmonceaux