BFMTV
Santé

Obésité: le régime méditerranéen n'a plus la cote

La salade grecque, emblème du régime méditerranéen.

La salade grecque, emblème du régime méditerranéen. - JB - Flickr - CC

Longtemps considéré comme le régime exemplaire en matière d'alimentation saine et équilibrée, le régime méditerranéen semble être tombé en disgrâce dans ses pays d'origine. En témoignent les chiffres de l'obésité dans les pays où il est traditionnellement appliqué.

Longtemps adulé, le régime méditerranéen est-il dépassé? Les dernières conclusions de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) démontrent que ce qu'on appelle aussi le "régime crétois", ce régime alimentaire considéré comme sain et équilibré et qui fait la part belle aux légumes, à l'huile d'olive, aux fruits, dans une moindre mesure aux produits laitiers et aux poissons mais préconise une consommation réduite de viande, n'a plus la cote dans ses pays d'origine. 

Remplacé par la junk food

L'agence onusienne, qui intervenait dans le cadre du Congrès européen sur l'obésité, qui se tient à Vienne, en Autriche, a alerté sur l'obésité infantile chez les enfants grecs, espagnols et italiens, qui vivent dans les pays où le régime méditerranéen fait pourtant loi, rapporte le Guardian.

Selon l'OMS, ce sont les enfants qui ont grandi dans le bassin méditerranéen qui souffriraient aujourd'hui le plus de surpoids en Europe. Un constat qui amène l'institution à penser que ce régime alimentaire est désormais "mort" dans les pays censés l'appliquer naturellement. 

En cause, l'alimentation de ces enfants de l'Europe du sud, aujourd'hui bien éloignée des préconisations du régime crétois. Les bonbons, la junk food ou encore les boissons sucrées se sont substitués aux salades grecques et autres poissons grillés, et constitueraient désormais l'essentiel de leurs repas, bien trop riches en sel, en sucre et en graisses. De quoi faire monter en flèche le taux d'obésité.

Changement de moeurs

Ainsi, à Chypre, 43% des enfants, aussi bien filles que garçons, âgés de neuf ans, sont en surpoids ou obèses. Un taux qui est évalué à 40% en Grèce, en Espagne et en Italie. Autrement dit, les pays méditerranéens censés appliquer de la façon la plus rigoureuse ce fameux régime, donné pour être le plus sain du monde, élèvent les enfants qui ont les plus gros problèmes de poids au sein de l'Europe. 

Le régime méditerranéen en lui-même n'est pas directement lié à ce constat. Ce n'est pas parce que ces enfants l'appliquent au quotidien dans l'assiette qu'ils sont en surpoids, bien au contraire. C'est justement parce que que le régime crétois a disparu des moeurs alimentaires traditionnelles chez les jeunes du bassin méditerranéen, qui l'ont totalement délaissé. Couplé à un phénomène d'inactivité physique, ce changement radical d'alimentation se ressent sur la corpulence de toute la nouvelle génération.

Revenir au régime crétois 

Aussi, les médecins alertent sur un retour nécessaire au régime méditerranéen dans l'alimentation des enfants d'Europe du sud, ou recommandent tout du moins d'y intégrer plus de fruits et légumes. 

"Il n'y a plus de régime méditerranéen. Il est parti et nous devons le récupérer", a ainsi martelé le docteur Joao Breda, à la tête du bureau européen de l'OMS pour la prévention des maladies non transmissibles, qui prenait la parole sur ce sujet pendant le Congrès sur l'obésité.

A titre comparatif, le taux d'obésité infantile se situe entre 5 et 9% en France, en Norvège, en Lettonie et au Danemark. Selon le docteur Joao Breda, c'est aujourd'hui en Suède que le régime alimentaire des enfants s'apparente le plus au régime méditerranéen, avec beaucoup plus de consommation de poisson, d'huile d'olive et de tomates que chez les enfants du sud de l'Europe.

Adrienne Sigel