Mortalité infantile: la France reste au-dessus de la moyenne de l'UE depuis 2015

Un bébé dans un hôpital parisien. - AFP
C'est un scénario qui hante les parents: perdre son enfant, quelques jours, semaines ou mois après sa naissance. En France, en 2021, ce sont pourtant 2700 enfants qui ont perdu la vie moins d'un an après leur mise au monde, comme le note un rapport de l'Insee publié ce mercredi. Deux statistiques présentées ont de quoi alerter. D'abord, le taux de mortalité infantile qui "ne baisse plus depuis 2005". Ensuite, le fait que la France reste au-dessus de la moyenne de l'Union européenne, et ce depuis 6 ans.
En 2021, dernière année dont les données ont été publiées, la France comptait 3,7 décès pour 1000 "naissances vivantes" - un total excluant les mort-nés. Un taux "historiquement bas" selon l'Insee, qui détient des données remontant jusqu'en 1901. Par exemple, il y a cent ans, en 1923, la France comptait 101,8 décès pour 1000 naissances. Si la chute est considérable, la tendance n'est plus la bonne, le taux ne baisse plus, pire, entre 2014 et 2017, il a même "légèrement augmenté".
Il faut aussi comparer la situation française à celle de nos voisins directs. En moyenne, au sein de l'UE, on décomptait la même année 3,3 décès pour 1000 naissances. La France tire donc la moyenne vers le haut, contrairement aux pays nordiques. En Suède par exemple, le taux n'est que de 2,4 pour 1000. En Finlande, il est de 1,8, deux fois moins qu'en France. À l'inverse, l'Hexagone s'en tire généralement mieux que ses voisins d'Europe de l'Est.
La première semaine, zone de danger
Les statistiques de l'Insee montrent que la mortalité des nouveaux nés est surtout concentrée dans les sept jours suivant la naissance, on parle alors de "mortalité néonatale précoce". Il s'agit de la moitié des cas (51%), soit 1350 enfants en 2021.
Le reste se répartit presque équitablement entre les décès entre 7 et 27 jours après la naissance (23%) et entre 28 jours et un an (26%). Il y a 20 ans, 36% des nourrissons mourraient avant d'avoir soufflé leur première bougie, soit dix points de plus.
Si la France souffre de la comparaison avec certains de ses voisins, les données montrent de fortes différences au sein même du territoire. Le taux de mortalité infantile est trois fois plus élevé à Mayotte qu'en PACA ou en Pays de la Loire. D'une manière générale, les territoires ultramarins sont ceux qui subissent le plus de pertes. Dans l'ordre, Mayotte (8,9), la Guyane (8,2), la Guadeloupe (8,1), la Martinique (7,2) et enfin La Réunion (6,7), qui reste largement au-dessus de la moyenne nationale. En Île-de-France, on recense 4 décès pour 1000 naissances.
À l'échelle mondiale, l'Unicef estime que plusieurs facteurs influent sur le taux de mortalité des enfants. L'inégalité face à l'accès aux soins, notamment chez les plus précaires, est l'un des plus importants. La naissance dans un "milieu très pauvre" augmente de 40% les chances de décès. Aussi, "les bébés dont la mère n’a pas été scolarisée ont deux fois plus de chances de mourir dans les premiers jours que ceux dont la mère a fait des études secondaires". Un constat particulièrement vrai dans les pays en voie de développement.