Médicaments génériques : les Français sont de plus en plus méfiants

En 2012, 57% des Français acceptent systématiquement le médicament générique contre 62% en 2011. - -
Les antibiotiques ce n’est pas automatique, dit le slogan. Les médicaments génériques non plus ne le sont pas. Leur image est même de plus en plus écornée auprès des Français. Selon une étude Ifop-PHR (groupement de pharmaciens), 57% des Français acceptent systématiquement le médicament générique contre 62% en 2011. Seulement 61% les considèrent aussi sûrs que les "princeps" (médicament originaux) contre 71% l'année dernière. Pourtant, depuis juillet 2012, les patients qui refusent les génériques à la pharmacie ne peuvent plus bénéficier du tiers-payant et doivent donc avancer les frais. Ils ne sont d'ailleurs que 54% à approuver cette mesure.
« Une méfiance de Maman »
Dans les pharmacies, beaucoup de parents expriment des réserves sur la qualité des médicaments génériques. Aude, 34 ans et mère de deux enfants doute surtout pour sa progéniture et applique le principe de précaution. « Ce sont surtout les médicaments pour les enfants. Ils n’ont pas le même goût et c’est plus difficile de leur faire avaler. Systématiquement, je prends le vrai médicament. Pour les produits des enfants, j’ai l’impression qu’on découvre, après-coup, des tas de problèmes donc je suis vigilante. C’est une méfiance de maman ».
« Pas de campagne d’éducation »
Si aujourd’hui les Français doutent de la réelle efficacité des médicaments génériques, pour les pharmaciens, c’est en grande partie de la faute de l’industrie pharmaceutique. Il y a deux ans, il n’y avait pas d’obligation, confie sur RMC Lucien Bennatan, président du Groupe PHR qui représente 11% des pharmacies françaises. Dès lors qu’on oblige les gens à prendre quelque chose, il y a une suspicion derrière tout cela. Et puis ni les médecins, ni l’industrie pharmaceutique ne nous ont beaucoup aidés à l’éducation des patients pour essayer de comprendre que le générique était le même que l’original. Il n’y a pas eu de campagne lancée par l’industrie pharmaceutique. Par contre on a vu des milliards dépensés pour les visites aux médecins pour qu’ils continuent de prescrire de nouvelles molécules.
« On s’est retrouvés un peu coincés »
Pour le président du Groupe PHR, ce n‘est évidemment pas la faute des pharmaciens si l’image des génériques est en baisse. La profession a même œuvré pour le développement de ces génériques étant obligée de les proposer (sauf pour les médicaments contre les maladies de la thyroïde, l'épilepsie et les substituts de drogues) et par conséquent ça a permis des économies sensibles pour la Sécu. « Nous, on s’est retrouvés un peu seuls coincés entre l’industrie et le patient, explique-t-il. On a convaincu les patients avec un taux de 75% de substitutions. On a réalisé 1,5 milliard d’euros d’économies à la Sécurité sociale. Et puis est arrivée l’affaire Médiator et la confiance a baissé. Alors on a un peu baissé les bras. Aujourd’hui, près de 30 % des patients préfèrent payer que de prendre le générique ».
« Les mêmes labos fabriquent génériques et originaux »
Face aux médicaments génériques, les patients ont parfois des réactions surprenantes. « Ils nous lancent un tas d’anathèmes un peu absurdes : "C’est fabriqué en Chine", "dans des officines obscures"…, rapporte Lucien Bennatan. Il suffit d’expliquer que les gens qui fournissent les poudres pour fabriquer les médicaments sont les mêmes qui fabriquent les mêmes poudres pour les médicaments génériques. Il faut aussi souvent rappeler que les médicaments génériques sont fabriqués par les laboratoires qui fabriquent eux-mêmes les originaux. Il faut le montrer sur la boite. Après, pour rassurer, il y a la proximité et la confiance du pharmacien, mais c’est bien difficile ».