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Le Covid échappé d'un laboratoire chinois? Le professeur Bruno Lina remet en cause la thèse du FBI

Le virologue Bruno Lina.

Le virologue Bruno Lina. - PHILIPPE DESMAZES / AFP

Christopher Wray, directeur du FBI, a affirmé sur la chaîne conservatrice Fox News que la pandémie mondiale a été causée par la fuite de ce coronavirus d'un laboratoire chinois. Pour Bruno Lina, virologue à Lyon et membre du Covars, il n'y a aucune preuve qui accrédite cette hypothèse.

"On ne voit pas pourquoi le FBI privilégie aujourd’hui cette piste". Alors que le mystère subsiste sur les origines du Covid-19, responsable de la récente pandémie mondiale, le virologue Bruno Lina, membre du Covars (Comité de veille et d'anticipation des risques sanitaires), est revenu dans les colonnes du Parisien sur les propos du patron du FBI en début de semaine. Dans un entretien accordé à la chaîne américaine Fox News et diffusé mardi, Christopher Wray, le directeur du FBI, a pris parti pour la thèse d'une fuite d'un laboratoire chinois.

"Le FBI estime depuis un petit moment que l'origine de la pandémie réside probablement dans un incident potentiel de labo à Wuhan", a-t-il déclaré, avant de répéter qu'"on parle d'une fuite potentielle en provenance d'un laboratoire sous l'autorité de l'État chinois".

L'origine animale, "hypothèse la plus probable"

Pour Bruno Lina, cette hypothèse "n'a aucune base scientifique et, à ce jour, nous ne disposons pas d’éléments nouveaux qui permettraient de rouvrir ce dossier". "Malheureusement, on ne sait toujours pas d’où sort ce virus", a continué le scientifique, soulignant que "l'hypothèse la plus probable" était une origine animale, "probablement" via la chauve-souris.

"Certains coronavirus qui circulent chez [la chauve-souris] ressemblent beaucoup au SARS-CoV-2, à l’origine du Covid-19. Il aurait été transmis à l’homme par le biais d’un autre animal d’élevage ou sauvage, peut-être présent sur le marché de Wuhan, en Chine, là où les premiers cas ont été identifiés", explique le virologue.

Dans cet autre animal, le virus "a pu se multiplier" avant d'"accumuler" et "stabiliser" "des mutations qui lui ont permis ensuite d’infecter l’homme".

Si cette hypothèse n'a pas non plus été prouvée, elle est mise en avant par la communauté scientifique car plusieurs autres virus se sont développés de cette manière. Comme un autre type de coronavirus, le Sras, "où la chauve-souris a contaminé une civette, par exemple, qui a mangé un fruit contaminé par ses urines", provoquant une épidémie entre 2002 et 2003, essentiellement en Chine.

Accélérer la coopération scientifique

Bruno Lina ne rejette pas pour autant catégoriquement la piste privilégiée par le FBI, en raison de la présence à Wuhan d'un "laboratoire de haute sécurité", qui "travaillait sur des coronavirus".

"Il est impossible d’être certains qu’il n’y ait pas eu de fuite accidentelle. Mais si l’on met en balance les deux hypothèses, la plus vraisemblable reste l’origine naturelle et non l’origine accidentelle", affirme-t-il.

Depuis le début de la pandémie, la communauté scientifique estime qu'il est crucial de connaître les origines de ce fléau pour pouvoir mieux le combattre ou même éviter une prochaine pandémie. Une démarche rendue difficile par la coopération avec la Chine, qui piétine. Bruno Lina, lui, estime qu'"il faut qu’on arrête de tourner en rond et de faire perdre du temps à tout le monde car la coopération avec la Chine pour déterminer l’origine du Covid ne se fait pas, et elle ne se fera jamais".

D'autant plus que "ce qu’on a vécu avec le Covid peut se reproduire. Tant qu’on n’a pas compris le mécanisme de transmission, il est impossible de dire qu’on fera mieux la prochaine fois".

Fanny Rocher