La pilule moins populaire en France

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La pilule est-elle boudée par les Françaises ? Si elle reste la principale méthode de contraception en France, avec une femme de 15-49 ans sur deux la prenant en 2010, la pilule contraceptive est moins utilisée depuis quelques années, selon l'enquête publiée ce mercredi par l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) et l’Institut national des études démographiques (Ined).
La baisse représente 4,6% d’utilisatrices en moins depuis le début des années 2000. Le chiffre interpelle puisque depuis la légalisation de la pilule, en 1967, son usage n'avait cessé d'augmenter.
Nouvelles pratiques
L’explication est à chercher du côté des nouvelles méthodes hormonales de contraception, développées récemment. Implant, patch, anneau vaginal : ces trois procédés "fixes", gagnent du terrain sur la pilule et séduisent de plus en plus les femmes.
4% d’entre elles se sont ainsi dirigées vers ces méthodes durables et peu contraignantes. Des méthodes synonymes de tranquillité puisque l'implant est efficace pendant trois ans, l'anneau et le patch pendant trois semaines. Ainsi, le risque d’oubli, caractéristique de la pilule, n’existe plus.
De son côté, le recours au stérilet, méthode plus ancienne, continue de baisser légèrement, tandis que l’usage du préservatif comme moyen de contraception progresse toujours.

Variations selon l’âge
Ces évolutions dans les pratiques sont à mettre en lien avec l’âge des utilisatrices. (voir graphique ci-contre)
- chez les 18-19 ans, la baisse de la prise de la pilule est de 4,4%. Les jeunes filles se tournent alors plus fréquemment vers le préservatif et les nouvelles méthodes hormonales
- chez les 25-29 ans, cette baisse est globalement de 5,8%
- chez les plus de 30 ans, le stérilet reste l’alternative principale à la pilule, et la dépasse même après 45 ans
- en revanche, 10,4% des 20-24 ans choisissent d’abandonner la pilule. Un chiffre conséquent et quelque peu préoccupant. Selon l'étude, cet abandon de la pilule reste peu compensé par l’adoption d’une méthode hormonale. En cause : le prix de ces nouveaux contraceptifs, inaccessibles pour la moitié de ces jeunes femmes.
Contraintes financières
En effet, opter pour ces nouvelles méthodes hormonales, certes très efficaces, a un coût. D’autant plus que sur les trois options, seul l’implant est remboursé par la Sécurité sociale.
- pour la pose d’un implant, la patiente doit débourser 125 euros, remboursés à hauteur de 65%
- le patch contraceptif, lui, est vendu par boîtes de trois, avec un prix qui peut aller jusqu’à 16 euros. Mais aucun remboursement n’est possible
- enfin, l’anneau vaginal a un coût de 15 euros par mois. Là encore, aucune prise en charge par la Sécurité sociale n’est prévue
Ainsi, certaines jeunes femmes, notamment chez les 20-24 ans, particulièrement touchées par la crise, voire par la précarité, ne peuvent pas envisager de recourir à des moyens contraceptifs aussi onéreux. Et ce après avoir abandonné la pilule pour les mêmes raisons. Un choix révélateur du lien entre contraception et situation sociale. Pour les auteurs de l'enquête, il s’agit d’un "enjeu qui n’a pas été suffisamment pris en compte dans le débat français".