La généralisation du tiers payant progressive et "compliquée"

La ministre de la Santé veut que les patients n'avancent plus la consultation d'ici 2017, mais quelques problèmes techniques restent à régler.

 "D'ici à 2017, quand vous irez voir votre médecin, vous n'aurez plus à avancer le prix de la consultation, comme c'est déjà le cas en pharmacie", a annoncé la ministre de la Santé, Marisol Touraine, dans un entretien accordé à Libération. Cette promesse du candidat François Hollande sera mise en place progressivement.

"Dès la fin de l'année prochaine, le tiers payant sera ainsi possible pour les ménages aux revenus modestes", c’est-à-dire les "bénéficiaires de l'aide à la complémentaire santé", a expliqué la ministre au quotidien.

Aucune avance chez les médecins de ville

Le tiers payant permet de ne pas avancer l'argent d'une consultation chez un médecin. Celle-ci est remboursée directement au médecin par l'assurance maladie et la complémentaire.

Actuellement, le tiers payant est octroyé aux bénéficiaires de la CMU (couverture maladie universelle) et de l'AME (Aide médicale d'Etat).

La mesure annoncée lundi concernera l'ensemble de la médecine de ville, les consultations chez les médecins du secteur 1 (ne pratiquant pas de dépassement d'honoraires) et du secteur 2 dès lors que les mutuelles prendront en charge le dépassement d'honoraire.

Scepticisme de la profession

"Les rapports qui sortent depuis des années montrent que les gens ne consultent pas parce-qu'ils n’ont pas d’argent, la première solution c’est le tiers-payant", a réagi au micro de BFMTV François Wilthien, vice-président du syndicat MG France.

La CSMF (syndicat de médecins libéraux) a exprimé lundi matin son "scepticisme", redoutant que "cette mesure, certes sociale, soit inadaptée à la pratique".

Jean-Paul Hamon, de la fédération des médecins de France s'est interrogé sur BFMTV : "Pour être sûr que ce système marche, il faut un secrétariat quasiment à temps plein. Les centres de santé qui pratiquent le tiers payant disent tous que le coût du tiers payant pour eux c’est entre trois et quatre euros par consultation, est-ce que Marisol Touraine va passer les consultations à 27 euros?"

La ministre a admis dans une conférence de presse lundi que l'application se ferait "par étapes", car "c'est techniquement assez compliqué". "Il faut que le médecin soit payé sans avoir à faire des démarches trop compliquées" et "nous avons à trancher la question, qui n'est pas simple, de savoir comment nous traitons le sujet de la franchise de un euro de consultation qui n'est pas remboursée", a-t-elle expliqué.

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K. L. avec AFP