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Santé

L'épidémie de coronavirus va-t-elle être ralentie par l'arrivée du printemps?

Une modélisation du coronavirus

Une modélisation du coronavirus - Alissa ECKERT / Centers for Disease Control and Prevention

A l'image d'autres virus, celui de la grippe entre autres, le coronavirus pourrait voir son expansion stoppée par la montée des températures. Les scientifiques restent toutefois prudents.

Donald Trump a-t-il raison de dire que le coronavirus pourrait disparaître avec l’arrivée des beaux jours? Le 7 février dernier, le président des États-Unis, comme à son habitude, réagissait à l’actualité sur les réseaux sociaux. Ce jour-là, l’homme fort de la Maison-Blanche tentait de rassurer ses administrés quant à l’expansion de ce nouveau virus, assurant que "si le temps se réchauffe, le virus deviendra plus faible, puis disparaîtra."

"Personne ne le sait" 

À l’heure actuelle, les recherches scientifiques sont trop peu avancées pour comprendre le fonctionnement exact du coronavirus. "Dire combien de temps va durer l’épidémie de coronavirus, j’en suis bien incapable, et personne ne le sait", explique l'épidémiologiste Arnaud Fontanet ce jeudi matin sur BFMTV. 

Toutefois, il reste possible de faire des analogies avec des pathologies existantes, et déjà bien connues, dont la grippe.

"Les épidémies de grippe, on les voit chaque année. On sait d’expérience qu’elle va prendre deux à trois mois pour traverser la France. Elle débute à un endroit, elle s’étend, il y a un moment où on atteint le pic épidémique, toute la France est en rouge, puis il y a une décrue. Et tout ça c’est une chronologie classique d’une épidémie. Pour la grippe on sait que ça dure trois mois, c’est une épidémie saisonnière", détaille Arnaud Fontanet. 

De nombreuses études réalisées à partir de la grippe

Afin de comprendre les raisons pour lesquelles certains virus sont plus saisonniers que d’autres, de nombreuses études ont d'ailleurs été réalisées à partir de la grippe, rappelle National Geographic

Certains scientifiques suggèrent que lors des périodes les plus froides, la transmission interhumaine du virus est favorisée par un regroupement des individus dans des zones chauffées. En ce qui concerne la grippe, sa transmission se fait, à l’image du coronavirus, par contact physique mais aussi via les gouttelettes respiratoires des malades.

De plus, certaines recherches récentes suggèrent également qu’un air froid et sec aide un virus a rester intact dans l’air, ce qui favoriserait une propagation sur une distance plus importante.

"C'est un vœu pieux"

Reste que la comparaison a ses limites, notamment quand on se penche sur les précédents cas de coronavirus. En 2002, l'épidémie de SRAS avait commencé à se propager en novembre et avait duré jusqu'au début juillet, rappelle National Geographic. Mais le MERS-Cov, une autre épidémie, avait débuté en septembre 2012 en Arabie saoudite, où les températures sont généralement élevées.

Interrogé par le média américain Factcheck, Stephen Morse, épidémiologiste de l’université de Colombia, semble plus réservé sur un effet de la chaleur sur le Covid-19.

"C'est possible, mais c'est un vœu pieux, par analogie avec la grippe et d'autres virus respiratoires hivernaux. Je dirais d'attendre jusqu'en avril, nous saurons alors si c'est vrai", assure-t-il, conseillant de ne pas "se laisser bercer par des analogies pleines d'espoir, mais très probablement erronées."

"Le risque de faire des prédictions sans base de preuves est qu'elles pourraient, si elles s'avéraient erronées, être considérées comme une fausse vérité et donner un faux sentiment de sécurité", s'inquiète David Heymann de la London School of Hygiene and Tropical Medicine, également interrogé par National Geographic. Pour lui, "le confinement jusqu'à l'élimination" doit être la stratégie à suivre dans les prochaines semaines. 

Hugo Septier