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Santé

Isoler les malades du coronavirus dans des hôtels? L'idée fait son chemin en France

Des hôtels pourraient être réquisitionnés pour isoler les cas positifs du coronavirus.

Des hôtels pourraient être réquisitionnés pour isoler les cas positifs du coronavirus. - AFP

Depuis le 29 mars, les préfets ont la possibilité de réquisitionner des hôtels pour loger des patients atteints de cas légers du coronavirus. Une solution qui pourrait se généraliser pour lutter contre l'épidémie au moment du déconfinement progressif, sur la base des exemples de nos voisins italiens ou espagnols.

Le 31 janvier dernier, 200 Français étaient rapatriés de la région de Wuhan en Chine, premier foyer de l'épidémie, et logés le temps d'une quarantaine dans un centre de vacances de Carry-le-Rouet, dans les Bouches-du-Rhône. Il y a quelques mois, cette situation provoquait quelques inquiétudes, notamment chez les riverains. Après plus de 100.000 cas confirmés de coronavirus en France, l'idée a fait son chemin.

Pour freiner l'épidémie de Covid-19, notamment lorsqu'un déconfinement progressif sera engagé, les patients, atteints de formes légères de la maladie, pourraient être isolés dans des hôtels réquisitionnés. D'autant qu'à l'heure actuelle, ces derniers, comme les bars, restaurants ou encore cinémas, resteront fermés même après le 11 mai.

Dans le même temps, le président de la République a promis lundi soir lors de son discours que chaque personne présentant des symptômes pourra être testée. En cas de tests positifs, le ministre de la Santé Olivier Véran a indiqué mardi matin au sujet d'un éventuel isolement de ces cas que "toutes les possibilités [étaient] à l’étude", notamment une éventuelle réquisition d’hôtels. Une position moins tranchée que celle du directeur général de la Santé qui disait encore samedi dernier qu'à l'heure actuelle il n'y avait "pas de besoins particuliers".

"Ça fait partie des possibilités que nous retenons, a expliqué le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner mardi sur France Inter. Actuellement en France et en particulier dans les outre-mer, c'est ce que nous faisons. Nous avons réquisitionné des hôtels ou des centres de vacances au sein desquels nous mettons en quarantaine et nous accompagnons des gens qui arrivent sur le territoire." 

Des élus de plus en plus séduits par cette solution

Le 29 mars dernier, un décret est passé au Journal officiel donnant la possibilité aux préfets de réquisitionner les hôtels ou les centres de vacances. L'Umih, première organisation patronale du secteur hôtelier, assure auprès du Figaro avoir recensé 1000 établissements et 40.000 chambres pouvant accueillir "des personnels soignants, des routiers, des SDF ou des malades sans gravité". Jean-Virgile Crance, président du Groupement national des chaînes, précise auprès du quotidien que pour l'instant "seule une poignée d'hôtels a été réquisitionnée" mais que les préfets et maires sont de plus en plus enclins à tester cette solution.

C'est le cas à Perpignan. La préfecture des Pyrénées-Orientales et l'Agence régionale de santé ont réquisitionné un hôtel pour en faire un centre de confinement et isoler les patients guéris ou les patients présentant une forme du Covid-19 ne nécessitant pas d'hospitalisation afin d'éviter qu'ils contaminent leur entourage. Avec 35 chambres à disposition dans cet hôtel à coursives, pour éviter les contacts, c'est autant de places qui peuvent être libérées dans les hôpitaux.

A Paris, c'est la Fédération française de tennis qui a décidé de mettre à disposition de l'AP-HP son centre d'entrainement situé dans le 16e arrondissement, à quelques pas du site de Roland-Garros, pour y isoler des malades du coronavirus. Le centre, qui accueille habituellement des joueurs apprentis, a été fermé le 14 mars et la quarantaine de chambres a été vidée de ses occupants. La mairie de Paris, dans son plan post-confinement adressé au gouvernement, a proposé de faciliter "la mobilisation de sites dédiés et d’hôtels". 

L'exemple des voisins européens

L'Académie nationale de médecine s'est également prononcée en faveur de cette solution. Dans un communiqué paru le 10 avril, l'institution rappelle "qu’il est extrêmement difficile de respecter" les gestes barrières "dans un espace domiciliaire restreint, quand les personnes qui y vivent sont nombreuses ou présentent des facteurs de risque".

L'Académie recommande alors "que des établissements hôteliers soient mis à la disposition des Agences régionales de Santé pour accueillir (....) les patients atteints de formes simples ou modérées de Covid-19, ou convalescents de cette maladie sortant de l’hôpital, sur la base du volontariat".

La France pourrait s'appuyer sur ses voisins européens pour la mise en place d'un tel dispositif. L'Espagne a pris les devants depuis longtemps. Dès le début de l'épidémie, les hôtels ont été fermés, réquisitionnés et médicalisés pour prendre en charge des patients présentant des cas moins lourds. L'Italie, pays européen le plus touché, avait pris la même décision début mars pour soulager le système hospitalier.

Justine Chevalier