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Isoler les personnes contagieuses dans des hôtels? "Pas un besoin aujourd'hui", juge Jérôme Salomon

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Dans un entretien accordé au Monde, l'ancien directeur général de la Santé, William Dab, juge qu'il faudrait isoler les personnes contagieuses au Covid-19, notamment dans les hôtels aujourd'hui vides. Une hypothèse écartée pour le moment par Jérôme Salomon, numéro 2 du ministère de la Santé.

Le gouvernement et la direction de la Santé misent sur le confinement pour lutter contre la propagation de l'épidémie de coronavirus. Pour William Dab, l'ancien directeur général de la Santé, ce n'est pas toujours suffisant. Médecin et épidémiologiste il juge, dans les colonnes du Monde, que les personnes contagieuses devraient être isolées, notamment dans des hôtels aujourd'hui vides.

"Cela fait des jours que plusieurs instances, dont le conseil scientifique du gouvernement, recommandent de mettre ces personnes, de même que leurs contacts, en isolement dans des hôtels (qui sont vides) ou des lieux fermés analogues", explique-t-il. "La maire de Paris le demande aussi, mais il ne se passe rien", poursuit l'ancien DGS. 

Interrogé sur ce point lors de son bilan quotidien ce samedi, Jérôme Salomon, l'actuel directeur général de la Santé, estime qu'on "n'est pas sur ce type de démarches, ce n'est pas un besoin particulier". Il juge ce scénario "compliqué". "Cela voudrait dire qu'il y aurait de l'auto-isolement, et que les personnes ne seraient pas contagieuses avant de le faire." 

Une critique de la gestion de la crise

Pour les personnes sortant de l'hôpital, Jérôme Salomon écarte aussi ce scénario, qu'il ne voit pas comme nécessaire. "Il n'y a pas d'inquiétude à avoir sur quelqu'un qui a passé 8 jours en réanimation puis 8 jours en réadaptation et qui rentre chez lui (...) personne ne sort en toussant et avec 40 de fièvre de l'hôpital", détaille le DGS.

"Nous avons démontré que les personnes qui n'ont plus de symptômes, n'ont plus d'excrétion virale, et donc leur charges virales sont négatives." 

De manière plus générale, William Dab livre une vision critique de la gestion de la crise par les autorités. Il estime qu'il "y a un mélange d’excellence et de médiocrité". "L’excellence, ce sont les soins", assure-t-il, rendant hommage à "l'héroïsme des soignants". 

"En revanche, en matière de prévention, nous ne sommes pas à la hauteur de l’épidémie", regrette-t-il, en jugeant que le gouvernement fait peser l’ensemble des efforts de prévention sur la population, via le confinement. "Je considère que nous entrons dans une période où le confinement aura plus d’inconvénients (économiques, psychologiques, familiaux, médicaux) que de bénéfices." 

Ivan Valerio