Importante épidémie de fièvre charbonneuse dans des fermes des Hautes-Alpes

Illustration - PATRIK STOLLARZ / AFP
Plus de 50 animaux morts dans 28 exploitations, bovins, ovins ou équidés: le département des Hautes-Alpes est confronté depuis le mois de juin à la plus importante épidémie animale de fièvre charbonneuse ("anthrax" en anglais) survenue en France depuis près de 20 ans.
Transmise par des spores pouvant rester inactives pendant des dizaines d'années dans le sol, cette maladie est transmissible à homme et potentiellement mortelle dans ses formes les plus rares (pulmonaire et gastro-intestinale).
Le vaccin comme "moyen le plus efficace pour limiter la propagation"
Les premiers cas chez l'animal ont été observés à Montgardin, à une quinzaine de kilomètres à l'est de Gap, où six vaches mortes ont été retrouvées le 28 juin. En près de deux mois, la maladie s'est étendue à 13 communes, sur lesquelles les autorités sanitaires recensent 23 foyers distincts.
Lorsqu'un foyer est confirmé, la préfecture "prescrit la vaccination de tous les animaux concernés", indique Serge Cavalli, directeur adjoint à la Direction départementale de protection des populations.
Des "mesures de blocage de l'exploitation" d'au moins 21 jours sont prises, soit "le temps d'acquisition de l'immunité vaccinale et de la réalisation des opérations de nettoyage et de désinfection", ajoute le responsable.
Si les antibiotiques fonctionnent, le vaccin est le moyen le plus efficace pour limiter la propagation. Mais les vétérinaires font face à une pénurie temporaire, le laboratoire espagnol qui les produit étant fermé au mois d'août, et traitent en priorité les troupeaux infectés et les exploitations limitrophes.
Provoquée par la bactérie "bacillus anthracis", la maladie cause une mort foudroyante chez les bovins, le plus souvent en moins de 24 heures.
Les cas de transmission à l'homme existent mais demeurent "extrêmement rares"
Depuis 1999, plus d'une centaine de foyers ont été enregistrés en France. Les cas de transmission à l'homme existent mais sont "extrêmement rares et aucun malade n'a été observé à ce jour" dans les Hautes-Alpes, rassure le docteur Christine Ortmans, de l'Agence régionale de santé (ARS).
En 2008, 23 foyers avaient été enregistrés, dont 21 dans le Doubs, et 21 l'année suivante, dont 17 en Savoie. Le dernier cas connu dans les Hautes-Alpes remontait à 1992.
La forme cutanée de la fièvre charbonneuse, de loin la plus fréquente chez l'Homme, est rarement mortelle lorsqu'elle est traitée avec les antibiotiques appropriés. Elle connait aussi une variante gastro-intestinale ainsi qu'une autre dite "par inhalation", la plus grave.
Dans les Hautes-Alpes, 103 personnes entrées "potentiellement en contact" avec la maladie ont été recensées par l'ARS, notamment du personnel d'une entreprise d'équarrissage, des éleveurs ou des vétérinaires.
La moitié bénéficie d'un traitement antibiotique préventif allant de 10 à 35 jours selon le type d'exposition.