"Il peut encore faire beaucoup de mal": le procès en appel d'un naturopathe controversé s'ouvre ce jeudi

La première chambre de la Cour d'appel de Paris (illustration) - Thomas Samson - AFP
Ce jeudi est une journée importante pour Camille (le prénom a été modifié). Cet après-midi doit s'ouvrir le procès en appel du naturopathe Miguel Barthéléry. Il est jugé pour exercice illégal de la médecine après le décès de deux personnes atteintes d'un cancer, dont le compagnon de Camille.
Paul (le prénom a été modifié) avait 41 ans lorsqu'il est mort d'un cancer des testicules en décembre 2018. Il était suivi par Miguel Barthéléry, qui lui avait recommandé de ne pas faire de chimiothérapie mais de suivre un plan à base de "purges, de jus et de jeûnes", selon le témoignage de Camille au Parisien.
"Trop dur, trop horrible"
Cette dernière estime que le naturopathe a incité Paul à s'écarter de la médecine traditionnelle. Aujourd'hui, elle veut que "personne d'autre ne puisse vivre ça à nouveau".
"Ce que j'ai vécu est trop dur, trop horrible. Voir quelqu'un d'aussi diminué à 41 ans, ce n'est pas possible", explique-t-elle.
Elle a dénoncé ces faits au parquet de Paris en février 2019, donnant lieu à l'ouverture d'une enquête. Une procédure en forme de catharsis.
"Je me suis résolue à déposer plainte juste après la mort de mon conjoint, malgré le sentiment de honte et de culpabilité qui m'envahissait parce que je n'avais pas réussi à le détourner de son naturopathe", poursuit-elle.
En octobre 2021, Miguel Barthéléry a été reconnu coupable d'usurpation de la qualité de médecin et d'exercice illégal de la médecine et a été condamné à deux ans de prison avec sursis avec interdiction définitive d'exercer comme naturopathe, magnétiseur ou radiesthésiste. Mais il a fait appel de la décision, ce qui suspend l'exécution du jugement. Il a donc pu continuer à effectuer des consultations en tant que naturopathe.
"C’est indécent, si on estime qu’il est dangereux au point de lui interdire de travailler, je ne comprends pas que la juge n’ait pas demandé aussi une exécution provisoire", déclare ce jeudi Camille au Parisien.
Des téléconsultations depuis le Maroc
Mais même s'il est à nouveau condamné, "il va pouvoir continuer en parallèle ses consultations depuis le Maroc puisqu’il nous suivait déjà uniquement par visio", a estimé une de ses clientes actuelles auprès du Parisien.
"Je ne sais pas s’il y a une solution pour que la justice lors de l’audience en appel ait encore une prise sur lui vu qu’il sera désormais à l’étranger et qu’il y déplace son activité", dénonce Camille.
"Avec les téléconsultations depuis le Maroc, il peut encore faire beaucoup de mal à des malades en France", juge-t-elle.
En octobre 2021, le tribunal correctionnel de Paris a notamment estimé que Miguel Barthéléry avait entretenu volontairement la confusion sur ses diplômes, en se présentant comme médecin sur internet et dans des échanges par SMS avec les deux victimes - la famille d'une kinésithérapeute belge, décédée d'un cancer de l'utérus à 39 ans, s'est jointe au dossier ouvert après la plainte de Camille.