Huiles, lait infantile... Qu'est-ce que l'hexane, ce dérivé du pétrole présent dans des aliments qui inquiète?

L'hexane est utilisé comme "auxiliaire technologique" pour la production de nombreuses huiles végétales. Le député MoDem Richard Ramos parle d'"un poison" et a déposé une proposition de loi pour l'interdire en raison des risques que cet hydrocarbure pourrait présenter pour la santé des consommateurs.

"Qui imagine, en faisant une vinaigrette, qu'elle contient un hydrocarbure et que l'on prend des risques pour notre santé?", interroge Richard Ramos. Le député MoDem du Loiret a déposé une proposition de loi pour interdire l'hexane, a-t-il indiqué au Parisien dans une interview publiée ce lundi 7 avril.

Ce dérivé du pétrole est aussi bien utilisé pour produire de nombreuses huiles, du beurre de cacao, du lait infantile mais aussi des colles, des peintures ou des encres d'imprimerie. L'élu déplore le "manque de transparence" des industriels concernant leur utilisation de cette substance.

Et pour cause, l'hexane n'est pas utilisé comme un ingrédient mais seulement comme un "auxiliaire technologique", qui permet de produire les différents aliments cités. Il permet notamment d'extraire l'huile de différents végétaux. L'hexane ou le C6H14, n'apparait donc pas sur la liste des ingrédients située sur les étiquettes des huiles.

Un "poison" pour les consommateurs?

Une absence "incompréhensible" pour Richard Ramos, qui dénonce auprès de 20 Minutes "un poison" pour les consommateurs. Selon l'Institut national de recherche et de sécurité (Inrs), l'hexane peut "provoquer des signes de dépression du système nerveux central" et des irritations "aux muqueuses oculaire et respiratoire".

"En cas d'exposition répétée, les intoxications les plus graves (...) se traduisent principalement par des atteintes du système nerveux, en particulier des polynévrites périphériques sensitivo-motrices. Des troubles mentaux organiques sont également décrits", explique l'institut.

Les données de l'Inrs sont cependant incomplètes puisque les effets de ce composant sur l'ADN ne sont pas documentés, quand les données sur les effets cancérogènes et sur la reproduction "ne permettent pas de conclure".

Les données sur la sécurité de l'hexane insuffisantes

Les seuils d'utilisation de l'hexane autorisés par l'Union européenne doivent permettre d'éviter tout risque sanitaire pour les consommateurs, mais l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a publié le 13 septembre dernier un rapport "concluant à la nécessité de mettre à jour l'évaluation concernant la sécurité de l'utilisation de l'hexane en tant que solvant d'extraction pour la production de denrées alimentaires" qui date de 1996, indique le ministère de l'Agriculture.

"Les informations fournies par l'étude sur les rats prise en compte par le Comité scientifique de l'alimentation ne sont plus jugées suffisantes pour conclure à la sécurité de l'hexane technique", écrit l'EFSA.

En plus de sa proposition de loi, Richard Ramos a annoncé le lancement d'une mission d'information sur ce sujet. "Au minimum, nous demandons à ce que soit écrit sur les produits 'attention, ce produit contient de l’hexane'. Mais si les conclusions de la mission montrent que c’est dangereux pour la santé: nous devons l’interdire en France", a-t-il estimé auprès de 20 minutes. À ce stade, l'hexane est seulement interdit pour la production des produits biologiques.

Emilie Roussey