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Santé

Hôtel-Dieu: flou artistique sur la fermeture des urgences

Les opposants à la fin des urgences de l'hôpital parisien de l'Hôtel-Dieu ont mimé vendredi les funérailles d'un patient mort de n'avoir pas été pris en charge à temps.

Les opposants à la fin des urgences de l'hôpital parisien de l'Hôtel-Dieu ont mimé vendredi les funérailles d'un patient mort de n'avoir pas été pris en charge à temps. - -

Des urgences fermées, remplacées par un service de consultations, mais dont le démantèlement n'est pour autant pas "validé" par le maire de Paris. La situation reste confuse sur l'avenir du services des urgences de l'Hôtel-Dieu.

Le maire (PS) de Paris, Bertrand Delanoë, a prévenu dimanche qu'il ne "validerait aucune forme de démantèlement" des urgences de l'Hôtel-Dieu. Mais alors pourquoi, cercueil sur les épaules, les opposants à la fin des urgences de l'hôpital parisien de l'Hôtel-Dieu ont mimé vendredi les funérailles d'un patient mort de n'avoir pas été pris en charge à temps par des services saturés?

Les urgences de cet établissement sont-elles donc définitivement fermées ou non? Oui si l'on en croit l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), qui souhaite transférer son siège à l'Hôtel-Dieu et convertir l'établissement en centre de recherche et d'enseignement, sans lits d'hospitalisation. Non, si l'on se souvient de l'annonce de Marisol Touraine en juillet dernier et moins encore, si l'on se réfère aux déclarations de dimanche du maire de Paris.

Un service de consultation 24h/24

Selon la nouvelle formule dévoilée en mai dernier et qui doit commencer dès ce lundi 4 novembre, les urgences de l'Hôtel-Dieu sont remplacées par un service de consultations 24 heures sur 24. Les patients transportés par les pompiers seront dirigés vers d'autres hôpitaux tandis que ceux qui viennent par leurs propres moyens seront pris en charge par des médecins. Déjà, depuis le 22 octobre, les pompiers cessaient progressivement, de conduire des patients aux urgences de cet établissement à deux pas de la cathédrale Notre-Dame, les dirigeants vers d'autres hôpitaux.

Mais pour l'heure, le service des urgences continue de fonctionner à vitesse réduite. Seuls quatre des six internes habituellement affectés à ce service seront présents. Mais le porte-parole de l'Agence régionale de santé d'Ile-de-France l'assure: "Il n'y aura pas de changement pour les Parisiens puisque les personnes qui se présenteront, quel que soit le moment du jour ou de la nuit, seront prises en charge avec une qualité et une sécurité garanties".

Marisol Touraine cultive l'ambiguïté

Face à une controverse menaçant de peser sur la campagne des socialistes parisiens, la ministre de la Santé, Marisol Touraine, avait déclaré en juillet qu'elle allait "décaler" la date de fermeture afin de ne "prendre aucun risque sur la prise en charge des urgences à Paris au début de l'hiver prochain". Elle avait affirmé par la suite que cette date ne lui "paraissait pas responsable, ni raisonnable". Mais les défenseurs des urgences dénoncent le "double jeu" de madame Touraine qui n'a pas, depuis, contrecarré le calendrier de la direction.

"On demande que les politiques reprennent le pouvoir et qu'ils disent stop à ce démantèlement", pressait vendredi Guillaume Gandoin, infirmier aux urgences. Il semble avoir été entendu, au moins par le maire de Paris. "Toutes les évolutions d'organisation de l'accueil des patients qui auraient pour conséquence de modifier de façon substantielle le fonctionnement du SAU de l'Hôtel-Dieu à compter de lundi 4 novembre, ne sauraient être acceptées", a fait valoir Bertrand Delanoë qui demande que soit élaboré "un projet partagé et crédible, socialement juste et médicalement efficace, dont les Parisiens ont tant besoin".

David Namias avec AFP et Julien Migaud-Muller