DOCUMENT BFMTV. Une médecin raconte le sauvetage "à peine croyable" d'une femme après 4 heures de massage cardiaque

L'équipe médicale a encore du mal à y croire. Une femme de 22 ans a survécu après reçu des massages cardiaques pendant 4 heures, alors qu'elle était en arrêt cardiaque et en hypothermie. L'une des médecins qui l'a prise en charge témoigne à BFMTV.
"(Ce genre de cas) est observé sur des cas d'hypothermie profonde, mais qui sont des cas quand même rares. Surtout, le fait que le cœur reparte au bout d'aussi longtemps, c'est exceptionnel", souligne la Dr Estelle Renaud, cheffe de structure du service réanimation du Groupe hospitalier public sud de l'Oise (GHPSO) à BFMTV.
"C'est la première et je pense la seule (fois) de ma vie que je verrai une telle situation. C'est une très, très belle histoire", confie-t-elle avec un grand sourire.
À 25°C, son corps est en "hypothermie sévère"
Le 9 février dernier, la jeune femme perd connaissance dans une rue de Nogent-sur-Oise, dans l'Oise. Elle reçoit immédiatement un massage cardiaque, avant que les pompiers ne prennent ensuite le relais.
Les secours constatent alors que la jeune femme est en arrêt cardiaque et en hypothermie, son corps étant à 25°C seulement. Elle est transférée ensuite au service des urgences "où elle est toujours en arrêt cardiaque", précise la médecin. Cette fois, une machine prend le relais pour les massages cardiaques. "Ça faisait déjà une heure de prise en charge", note la Dr Estelle Renaud.
"On poursuit la réanimation dans ce contexte d'hypothermie sévère où on sait qu'on peut avoir de façon exceptionnelle de bons résultats", explique-t-elle. "L'objectif étant, en tout cas, de poursuivre la réanimation jusqu'à temps d'obtenir une température corporelle normalisée", ce qui survient "au bout de quatre heures".
"Une grande surprise"
C'est en effet au bout de quatre heures que la patiente répond enfin aux soins prodigués. "La patiente, alors qu'elle était toujours en massage cardiaque, grâce à une machine spécifique, a présenté des signes d'éveil", se souvient la Dr Estelle Renaud.
"(La patiente) a commencé à déglutir, à tousser, à cligner des yeux et son cœur était reparti à ce moment-là. On n'avait toujours pas de réel contact, mais en tout cas, elle n'était plus en état de mort apparente", dit la médecin.
"Ça a été une grande surprise quand les infirmières nous ont appelés pour nous dire: 'elle cligne des yeux', c'était à peine croyable. C'est une histoire qui a touché tout le monde et qui motive tout le monde dans son travail au quotidien", sourit la médecin, encore émue.
Aucune séquelle neurologique
Après examens médicaux, les médecins constatent que la jeune femme présente un "devenir neurologique intacte", c'est-à-dire qu'elle n'a aucune séquelle neurologique.
"Par contre, l'ensemble des autres organes avaient énormément souffert du fait du bas débit et de l'arrêt cardiaque prolongé", précise la médecin. En conséquence, la patiente "a nécessité une suppléance d'organes pendant quelques semaines", avant de pouvoir quitter le service.
"Les poumons, le cœur, le foie, les reins souffrent puisqu'il y a un réflexe naturel du corps humain de préserver le cerveau qui est l'organe le plus important de l'organisme si on peut dire", explique la cheffe du service de réanimation.
"L'importance du massage cardiaque"
La médecin souligne à quel point agir vite s'avère primordial dans ce genre de situation. De fait, la jeune femme a immédiatement reçu un massage cardiaque dans la rue après sa perte de conscience. "C'est ce qui a permis de préserver ses fonctions cérébrales", souligne le Dr Estelle Renaud.
"Cette situation (...) relève l'importance du massage cardiaque. Pour tout citoyen qui voit une personne s'écrouler, pratiquez le massage cardiaque", conseille la médecin.
"C'est un geste à la portée de tout le monde, c'est un geste citoyen qui sauve des vies"; clame-t-elle encore.