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Santé

Déserts médicaux: une nouvelle méthode pour définir les zones dans le besoin

D’ici 2020, de nombreux médecins généralistes vont prochainement partir à la retraite et la question de leur remplacement reste entière.

D’ici 2020, de nombreux médecins généralistes vont prochainement partir à la retraite et la question de leur remplacement reste entière. - istock -

Pour contrer la désertification médicale dans certaines régions, notamment rurales, le ministère de la Santé a annoncé la mise en place d'une nouvelle mesure pour inciter les généralistes à s'installer dans ces zones. Une mesure qui devrait élargir la part de la population concernée par cette problématique.

Comment inciter davantage de médecins généralistes à s'installer dans des territoires déficitaires? Faut-il privilégier des mesures incitatives, ou des mesures plus coercitives comme imposer aux jeunes médecins une affectation? Telle est la problématique de la lutte contre les déserts médicaux. Celle-ci devient de plus en plus importante puisque les départs de médecins à la retraite dans les prochaines années vont encore plus fragiliser certains territoires.

La ministre de la Santé Marisol Touraine vient d'annoncer une nouvelle mesure pour les territoires qui sont le plus dans le besoin, dont le but est d'augmenter la part de la population couverte par les dispositifs d’aide à l’installation des médecins. Celle-ci consiste à revoir les critères de sélection des zones bénéficiant d’aides dans ce domaine. Jusqu’à présent, les territoires étaient définis en fonction du nombre de médecins par habitants, ce qui permettait de voir les disparités entre les départements.

Si "on dénombre 798 médecins pour 100 000 habitants à Paris, ils ne sont que 180 pour 100 000 habitants dans l’Eure", explique à titre d'exemple le ministère de la Santé. Désormais, les territoires bénéficiant d’aides seront définis selon plusieurs critères: les besoins de soins en fonction de l’âge des habitants, le temps d’accès vers le généraliste, le volume d’activité des médecins et l’âge des médecins pour tenir compte des départs à la retraite.

Les besoins seront identifiés localement

"Cette nouvelle méthode permet de définir plus précisément les besoins de la population par territoire et de réduire les inégalités d’accès aux soins sur du long terme. Concrètement, la population couverte par ce dispositif va plus que doubler", précise le ministère de la Santé.

Selon ses chiffres, plus de 12 millions de français vivent dans des territoires qui seront concernés par les aides à l’installation des médecins. Avec cette mesure à visée préventive, la ministre souhaite donc anticiper les futurs départs à la retraite dans des territoires qui ne constituent pas à l’heure actuelle des déserts médicaux, mais dont la situation risque de s'aggraver dans les années à venir.

Cette démarche vise aussi à sécuriser l'organisation des soins ambulatoires sur le long terme, soit les actes médicaux ne nécessitant pas d'hospitalisation prolongée. Le ministère compte également sur l'aide des agences régionales de santé (ARS) pour établir une sélection supplémentaire des territoires fragiles, en fonction des besoins identifiés localement et "en concertation avec les représentants des professionnels de santé, des patients et des élus".

Quels dispositifs mis en place?

Depuis 2012, le gouvernement a fait part de plusieurs dispositifs pour réduire les inégalités d'accès aux soins à travers deux mesures phares: les Pactes territoire santé 1 et 2 et la loi de modernisation de notre système de santé. Ces dispositifs comprennent la création de près de 900 maisons de santé pluriprofessionnelles, un numerus clausus régional augmenté dans les régions à faible densité médicale ou encore près de 1800 contrats d’engagement de service public (CESP) signés.

Ces derniers permettent au jeune étudiant ou interne de bénéficier d’une bourse en contrepartie d’un engagement d’installation dans une zone sous-dotée. "La stratégie mise en place depuis 2012 fonctionne: une dynamique nouvelle a été impulsée dans les zones confrontées à des difficultés démographiques. Cette nouvelle mesure amplifie l’impact de notre politique d’accès aux soins. L’effort devra se poursuivre", a indiqué la ministre Marisol Touraine.

Alexandra Bresson