Déserts médicaux : « Les médecins étrangers ne sont pas forcément la solution »

Un quart des nouveaux inscrits à l'Ordre des médecins l'an dernier ont obtenu leur diplôme à l'étranger. - -
A l’hôpital, il est de plus en plus fréquent de se faire soigner par un médecin d’origine étrangère. Rien d’étonnant au regard des chiffres. Un quart des nouveaux inscrits à l'ordre des médecins l'an dernier ont obtenu leur diplôme à l'étranger. Sur la période 2008/2013, le chiffre est en progression de 43%, selon les chiffres du Conseil national de l'ordre. Les médecins possédant un diplôme étranger a même doublé en 5 ans dans certaines régions, comme en Auvergne. Par ailleurs, nombre d'hôpitaux font appel à eux pour combler le manque de professionnels dans certaines spécialités, comme la radiologie ou l'anesthésie.
Algériens et Roumains en tête
Alors que les médecins roumains sont régulièrement cités, les praticiens titulaires d'un diplôme du Maghreb sont aussi très présents en France. Ils représentent un tiers des diplômés à l'étranger. L’Algérie est même le pays le plus représenté avec 22,2%, suivi par la Roumanie (17,7%) et la Belgique (8,9%). « Il y a un numerus clausus, qui pendant très longtemps a maintenu très bas le nombre d’étudiants admis à passer en deuxième année de médecine, rapporte Patrick Romestaing chargé de la démographie au sein du Conseil national de l'ordre des médecins. Le médecin précise également que « ce phénomène est lié au vieillissement de nos praticiens. Beaucoup d’entre eux arrivent à 65 ans. De ce fait, on est dans un creux de vague avec peu d’arrivée et beaucoup de départs. Les praticiens étrangers ont donc entendu parler de cela et veulent donc venir en France car ils estiment qu’ils pourront bénéficier d’un meilleur statut et d’une meilleure rémunération ».
« Les médecins étrangers exercent en zone de forte densité médicale »
L’arrivée de ces médecins étrangers pourrait participer à l’enrayement de la désertification médicale. Pourtant, selon Patrick Romestaing, cela ne va pas modifier le phénomène. Selon lui, les médecins étrangers qui viennent exercer en France ne s’expatrient pas dans les régions en manque de praticiens et n’exercent pas la médecine générale de proximité. « Ils exercent dans les zones à haute densité médicale c’est-à-dire dans le sud de la France : Paca, Languedoc-Roussillon, Midi-Pyrénées et Aquitaine. Ou dans la région Île-de-France ou Rhône-Alpes qui sont des régions bien pourvues en médecins. De plus les médecins étrangers exercent principalement sur le mode salarié dans les hôpitaux. Ce n’est pas là où il y a le plus de difficultés ».
« Ils vont là où les spécialités demandent une continuité »
Même si les médecins en provenance de l’étranger ne semblent pas pouvoir lutter contre la désertification, ils pallient pourtant un manque dans les centres hospitaliers. « Les médecins étrangers sont recrutés par les hôpitaux dans lesquels les médecins français ne veulent pas aller, là où les besoins ce sont des spécialités qui demandent une continuité de service, c’est-à-dire avec des nuits de garde. Que ce soit l’anesthésie ou la réanimation, dans les lieux où il y a moins de médecins, là, les étrangers sont demandés ».