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Covid-19: la menace du variant indien plane-t-elle sur notre été?

En France, 80 cas de contamination au variant indien du Covid-19 ont été rapportés par Santé publique France. Cette mutation du coronavirus peut-elle mettre un frein au déconfinement enclenché par le gouvernement?

Le variant B.1.617, la mutation indienne du virus déjà présente dans au moins 53 territoires selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), doit-elle inquiéter la France à quelques semaines du début de l'été?

Sur le territoire français, 38 épisodes impliquant au moins un cas de variant indien ont été rapportés par Santé publique France dans son dernier bulletin du 20 mai. Ces foyers représentent 80 cas. "Un lien avec l’Inde a été rapporté dans toutes les situations, à l’exception d’un cas chez un voyageur de retour du Népal, et de trois clusters familiaux", a précisé SPF dans son point.

Un "isolement obligatoire" d'une semaine mis en place

Il est donc déjà présent en France "à un niveau très faible", a expliqué le professeur Didier Houssin, ancien Directeur Général de la Santé, ce mercredi soir dans l'émission 22h Max sur BFMTV.

Pour éviter tout risque de propagation sur le territoire national, la France a décidé de mettre en place "un isolement obligatoire" d'une semaine à partir de lundi prochain pour les voyageurs en provenance du Royaume-Uni où circule cette mutation. D'autant que ce variant indien "est plus transmissible" mais "on ne sait pas à quel degré", selon le spécialiste.

"Il a certainement un avantage en matière de transmission et de contagion entre les personnes. Il n'y a pas d'éléments qui suggèrent qu'il est plus dangereux, mais dès lors qu'il est plus contagieux il y aura plus de personnes malades et donc il risque d'y avoir plus de conséquences graves", appuie-t-il.

Les vaccins aussi efficaces contre cette mutation?

Si ce variant est plus contagieux, il n'y a "jamais eu de démonstration d'une sévérité accrue", a de son côté abondé le virologue Christian Brechot, ce mercredi sur BFMTV.

"Il est logique d'être extrêmement prudents", a rappelé sur notre antenne l'ancien directeur de l'Institut Pasteur. "Mais il faut se dire qu'actuellement les vaccins sont efficaces. Ils semblent l'être contre le variant indien. Il faut faire attention, on ne veut pas 'reprendre' une autre vague, mais il y aura d'autres variants qui vont apparaître, c'est normal avec un virus".

Ce dernier fait référence à une étude publiée samedi par les autorités de santé en Angleterre, Public Health England (PHE), indiquant que les vaccins de Pfizer/BioNTech et d'AstraZeneca/Oxford se révèlaient presque aussi efficaces contre le variant indien du coronavirus que contre le variant anglais. Selon cette étude, le vaccin Pfizer/BioNTech était efficace à 88% contre la maladie symptomatique du variant indien deux semaines après la deuxième dose, comparé à 93% d'efficacité contre le variant anglais. Sur la même période, le sérum d'AstraZeneca est efficace à 60%, contre 66% contre le variant anglais qui avait été détecté dans le Kent.

Christian Brechot explique aussi que des études sont en cours sur le variant indien, afin de déterminer plus précisemment l'efficacité des différents vaccins sur cette mutation.

Jean-Paul Hamon, président d'honneur de la Fédération des médecins de France, a également souligné ce mercredi sur BFMTV que la vaccination "massive" de la population peut permettre de passer un été raisonnablement calme. "On va certainement prendre une petite relance mais c'est vrai que ce serait bien qu'on freine au maximum l'arrivée du variant indien", a-t-il ajouté.

"Le virus est encore capable de muter"

Margaux de Frouville, cheffe du service santé de BFMTV, soulignait que de nouveaux éléments, comme la transmissibilité du variant indien, devraient être connus dans les trois prochaines semaines. "Le 9 juin, on devrait en savoir plus, notamment si on a atteint un taux de contamination suffisamment bas, autour des 5000 nouveaux cas positifs par jour", a-t-elle expliqué ce mercredi soir.

La virologue Mylène Ogliastro est quant à elle plus mesurée sur la question. Selon elle, "les mutations que porte le variant B.1.617 sont un cocktail de mutations qui montrent que le virus est encore capable de muter".

"Plus le virus va circuler, plus il va pouvoir acquérir de nouvelles mutations. Tout un tas de mécanismes sont inhérents à la circulation du virus et cette dernière dépend intégralement de nos comportements. Dans un paysage où la vaccination monte en puissance, il est important de faire attention à nos comportements", a-t-elle de nouveau mis en garde ce mercredi soir sur notre plateau.

Ce mercredi, pour la première fois depuis le 19 septembre, la moyenne des nouveaux cas de Covid-19 répertoriés en 24h est passée sous la barre des 10.000 en France, avec une moyenne sur sept jour de 9421 nouveaux cas

Clément Boutin Journaliste BFMTV