Covid-19: l'Académie de médecine appelle à "ne pas renoncer à l’immunité collective"

Une image obtenue par microscope électronique du SARS-CoV-2 par les Instituts nationaux de santé (NIG) américain - Handout © 2019 AFP
L'immunité collective est depuis le début de l'épidémie de Covid-19, le Graal sanitaire à atteindre pour que le virus arrête de circuler. Mais cet été, plusieurs scientifiques ont émis des doutes quant à la possibilité d'arriver à cet objectif, en raison de la contagiosité plus importante du variant Delta, mais aussi du fait que malgré la vaccination, la population peut attraper et transmettre le Covid-19.
L'immunité collective est ainsi "devenue un challenge très ambitieux", déclarait mi-août le monsieur vaccin du gouvernement, Alain Fischer.
Mais dans un communiqué ce mercredi, l'Académie de médecine appelle à "ne pas renoncer" à cet objectif. "De telles déclarations pessimistes, largement diffusées au cours du mois d’août, n’ont pas été contredites, aggravant l’hésitation vaccinale chez les indécis et permettant aux mouvements anti-vaccination de renouveler un argumentaire défraîchi", écrivent-ils.
Immunité post-infectieuse ou post-vaccinale?
"L'immunité collective correspond au pourcentage d’une population donnée qui est immunisée/protégée contre une infection à partir duquel un sujet infecté introduit dans cette population va transmettre le pathogène à moins d’une personne en moyenne, amenant de fait l’épidémie à l’extinction, car le pathogène rencontre trop de sujets protégés", explique l'Institut Pasteur. "Cette immunité de groupe, ou collective, peut être obtenue par l’infection naturelle ou par la vaccination".
Dans le cas du Covid-19, avec un variant aussi contagieux que Delta, l'immunité collective pourrait être atteinte si 90% de la population était immunisée contre le virus. Or, le vaccin n'immunise pas complètement car, même s'il y a beaucoup moins de chances de l'attraper une fois vacciné, c'est encore possible. Devant ce discours, l'Académie de médecine rappelle que les vaccins sont efficaces dans la prévention des formes symptomatiques et des formes graves de Covid-19.
Les médecins soulignent que la pandémie prendra tôt ou tard fin avec une immunité collective qui pourra être soit post-infectieuse - de façon naturelle, après avoir attrapé la maladie - soit post-vaccinale. "La différence entre les deux stratégies se comptera en années de crise sanitaire et en centaines de milliers de morts", écrit l'Académie.
L'évolution vers une "infection banale à recrudescence saisonnière peut être accélérée"
Et si des variants continueront de circuler, "même dans les populations bien vaccinées", ils entraîneront "de faibles taux de morbidité et de mortalité (...) L’évolution prévisible de la pandémie vers un profil d’infection banale à recrudescence saisonnière peut être accélérée par l’immunité collective obtenue au moyen d’une vaccination universelle".
L'Académie de médecine appelle donc à "rester confiant dans l’efficacité de la vaccination vis-à-vis des formes graves de Covid-19, de maintenir le port du masque et les mesures barrières chez tous les vaccinés", mais aussi "de remplacer au plus tôt le pass sanitaire par un pass vaccinal" et "d’évaluer, dès l’autorisation des vaccins de seconde génération, l’avantage de les administrer comme rappels pour mieux prévenir la transmission".
