Covid-19: face à la non-fermeture des écoles, les appels à la vaccination des enseignants se multiplient

Une salle de classe (photo d'illustration). - Thomas SAMSON © 2019 AFP
Près de 500. Selon les chiffres communiqués par le ministre de l'Éducation nationale, le taux d'incidence de l'épidémie de Covid-19 s'élève à près de 500 contaminations pour 100.000 personnes à l'école. C'est presque le double de celui relevé à l'échelle nationale, actuellement de 266, selon CovidTracker.
Des données obtenues grâce à l'arrivée des test salivaires qui "nous donnent un taux de contamination en moyenne d'environ 0,5%" à l'école, a précisé Jean-Michel Blanquer vendredi dernier sur BFMTV/RMC.
Impatience du premier syndicat des enseignants
Le risque d'être contaminé est donc accru à l'école. Si la probabilité pour les enfants d'attraper une forme grave du Covid est faible, il n'en est pas de même pour les enseignants et tous les professionnels travaillant dans l'éducation.
Un danger pour ces derniers, qui ne font pas partie des personnes vaccinées en priorité contre le coronavirus. Pour le syndicat SNUipp-FSU, cette situation est d'un non-sens total.
"Alors que des confinements sont mis en place dans 16 départements, les écoles restent ouvertes sans protection supplémentaire, quel que soit le taux d’incidence du département", relève dans un communiqué le premier syndicat des instituteurs et professeurs des écoles en maternelle et en primaire.
"C'est bien pour eux, et pour les autres"
Le SNUipp-FSU réclame par conséquent l'accès prioritaire au vaccin "pour l’ensemble des personnels des écoles". Une mesure qui permettrait la continuité du service public d'éducation, "indispensable aux élèves comme à leurs familles", tout en protégeant le reste de la population.
Un avis partagé par le Pr Yazdan Yazdanpanah: "vacciner ces gens-là c'est bien pour eux, et pour les autres". Le chef des maladies infectieuses à l'hôpital parisien Bichat (AP-HP) et membre du Conseil scientifique, tout en rappelant la stratégie vaccinale du gouvernement de protéger en premier les personnes vulnérables, considère qu'il faut désormais "réfléchir aux personnes les plus exposées".
"Il faut aller vers les enseignants, vers les gens exposés et qui participent à la transmission", estime le Pr Yazdan Yazdanpanah, qui cite également les caissières de supermarché, "tout dépendra là encore des doses de vaccin mais je pense le plus rapidement".
Si certains pays dont l'Espagne, plusieurs États fédérés des États-Unis et les Länders allemands ont entamé la campagne de vaccination de leurs enseignants, d'autres comme l'Italie ou le Portugal les ont même placés comme catégorie prioritaire.
"Parmi les catégories professionnelles les moins à risque" selon l'Institut Pasteur
Une étude ComCor menée par l'Institut Pasteur, dont les résultats ont été communiqués début mars, peut sembler conforter la position prise par le gouvernement depuis la deuxième vague, à savoir le maintien de l'ouverture des écoles. Selon les auteurs de celle-ci, les professeurs des écoles et instituteurs figurent comme les "catégories professionnelles les moins à risque" d'être infectées par le coronavirus.
Ces derniers notent toutefois depuis le mois de janvier "une augmentation des infections intra-domiciliaires vers les adultes dues à des enfants de moins de 11 ans". Une hausse sans doute expliquée par l'émergence des variants et notamment le variant anglais, bien plus contagieux, qui peut possiblement remettre en question les résultats de l'étude: "il est possible, si la dose minimale infectante est plus faible avec la contagiosité accrue du variant anglais, que des modes de transmission inefficaces auparavant chez les enfants le soient devenus avec l’arrivée de ces variants plus contagieux".
L'hypothèse que le variant anglais augmente également le risque d'infection chez les enseignants n'est donc pas non plus à exclure.
Début janvier, le ministre de l'Éducation avait pourtant qualifié les enseignants de "personnel de premier rang" après les soignants et estimé sur BFMTV qu'il était alors "souhaitable" que leur vaccination se fasse au mois de mars, au plus tard". Une promesse que l'exécutif semble avoir depuis abandonnée.