BFMTV
Santé

Covid-19: en quoi consiste le "retro-tracing" expérimenté en Côte-d'Or et en Loire-Atlantique?

Campagne de dépistage du Covid-19 à Saint-Etienne le 13 janvier 2021 (Photo d'illustration)

Campagne de dépistage du Covid-19 à Saint-Etienne le 13 janvier 2021 (Photo d'illustration) - JEAN-PHILIPPE KSIAZEK © 2019 AFP

Le directeur général de l'Assurance maladie a indiqué dimanche dans Le Parisien qu'une nouvelle méthode de traçage était en cours d'expérimentation dans deux départements français. L'objectif est d'identifier les personnes à l'origine des cas de contamination.

Tracer, mais autrement. Alors que la France comptabilise en moyenne sur sept jours 36.084 cas positifs au Covid-19 d'après les chiffres de ce mardi, les autorités sanitaires misent sur de nouvelles méthodes afin de mieux connaître les lieux propices à la contamination et ainsi freiner l'épidémie en instaurant des restrictions là encore plus ciblées.

Une nouvelle stratégie de traçage est donc actuellement en cours d'expérimentation: celle du traçage rétrospectif. La méthode jusqu'ici menée en France est celle du traçage prospectif dit "classique", qui consiste à demander aux personnes testées positives les coordonnées des individus qu'elles connaissent et ont croisé après leur contamination, pour les isoler à leur tour.

Remonter à la source

Le traçage rétrospectif, également appelé rétro-tracing, backward tracing ou "traçage à la japonaise", vise lui à remonter en arrière: l'idée est ici d'interroger les personnes positives sur les éventuels moments où elles auraient pu être contaminées, plutôt que de trouver leurs cas contacts. On procède donc en sens inverse, en leur demandant si elles ont une idée de l'endroit où elles ont pu être infectées (dans les transports, au travail, pendant un repas...)

Selon une étude relayée dans la prestigieuse revue scientifique Nature, entre 10 et 20% des cas sont responsables à eux seuls de 80% des contaminations. Des "super-contaminateurs" sur lesquels les autorités sanitaires de plusieurs pays asiatiques concentrent leurs efforts.

C'est le cas du Japon, où la méthode consiste à interroger les personnes testées positives sur leur déplacement dans les jours qui ont précédé le dépistage, la période d'incubation du Covid-19 pouvant aller jusqu'à quatorze jours.

Un véritable travail d'investigation en somme, visant à établir un schéma précis pour retrouver les personnes concernées et présentes lors de la contamination. L'objectif est multiple: remonter à la source en trouvant le patient zéro tout en essayant d'identifier les lieux importants propices à la contamination sur le territoire.

Deux départements moins touchés par l'épidémie

Dès lors, pourquoi les autorités sanitaires ne s'appliquent-elles pas à mettre en place cette méthode de traçage en France?

"Cette technique nécessite que la circulation du virus ne soit pas trop importante", explique Thomas Fâtome, le directeur général de la caisse nationale d'assurance maladie à nos confrères du Parisien. L'investissement humain y est en effet bien plus important que pour le traçage classique.

Ce tracage "ascendant" est donc expérimenté depuis jeudi dernier seulement en Côte-d'Or et en Loire-Atlantique, deux territoires où l'épidémie est moins présente. Pour le premier département, le taux d'incidence s'élève à "seulement" 209 cas pour 100.000 habitants, selon le site Covid Tracker, tandis qu'il est de 229 en Loire-Atlantique.

Si le seuil d'alerte maximal n'est pas encore dépassé, l'évolution de la situation sanitaire dans les deux départements s'aggrave depuis plusieurs semaines et interroge sur la véritable efficacité - et donc utilité - de cette expérimentation dans un tel contexte: 159 cas positifs ont été rapportés en moyenne la semaine dernière en Côte-d'Or (532.000 habitants environ) et 469 contaminations ont été relevées en Loire-Atlantique, qui compte près de 1,5 millions d'habitants. Difficile également de dire si la vaccination permettra de ralentir suffisamment la circulation du virus pour cette expérimentation, qui doit prendre fin le 30 avril prochain.

L'Assurance Maladie voit néanmoins cette nouvelle méthode comme un complément au traçage classique (traçage prospectif). Contactées par BFMTV.com pour connaître les premiers résultats de ce nouveau traçage, les ARS des Pays de la Loire et de Bourgogne Franche-Comté n'ont pour le moment pas donné suite à nos sollicitations.

Hugues Garnier Journaliste BFMTV