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Santé

Coronavirus: le soudain intérêt pour la chloroquine inquiète les patients atteints de lupus

Des plaquettes de chloroquine

Des plaquettes de chloroquine - GERARD JULIEN / AFP

Depuis maintenant plusieurs décennies, cet antipaludique est également utilisé dans le traitement de maladies auto-immunes dont le lupus. Plusieurs patients alertent des possibles ruptures de stock.

À mesure que se propage la pandémie de coronavirus à travers le monde, la piste d'un traitement du Covid-19 à base de chloroquine ou de l'un de ses dérivés est de plus en plus évoquée, notamment en France par le professeur Didier Raoult. Lundi, le ministre de la Santé Olivier Véran a annoncé que le Haut conseil de santé publique avait autorisé son administration aux malades souffrant de "formes graves" du virus.

"Cri d'alarme"

Pour autant, l'utilisation massive de cette molécule, outre que son efficacité doit encore être confirmée par de nouveaux tests, pose des problèmes. Son dérivé, l'hydroxychloroquine, est déjà utilisée pour le traitement de plusieurs maladies auto-immunes de type lupus ou polyarthrite rhumatoïde.

Et c'est là que le bât blesse, souligne Le Parisienqui a été à la rencontre de Johanna Clouscard, présidente de l'association Lupus France. En France, 40.000 personnes souffrent de cette maladie auto-immune. Elle souligne que, depuis la médiatisation de ce traitement, les patients qui l'utilisaient depuis parfois plusieurs décennies se retrouvent dans l'incapacité d'en trouver en pharmacie. 

"Le pharmacien de mon village n'en a plus, alors j'économise ma dernière boîte en réduisant les doses. (...) Pour d'autres patients, la situation est pire. Certains n'en ont plus du tout et en recherchent partout en France. C'est un cri d'alarme auprès du laboratoire (Sanofi) que je lance pour eux", explique-t-elle auprès du quotidien francilien. 

"Et pour le mois suivant?"

Et la situation pourrait bien devenir encore plus complexe à mesure qu'avance le temps, tant ce traitement est vital pour les patients afin d'éviter les douleurs inhérentes à la maladie, dont des douleurs articulaires et des dysfonctionnements rénaux. 

"Le Plaquénil (nom du médicament, ndlr) est pour nous essentiel, il nous maintient en bonne santé et est parfois vital. On ne peut pas s'en passer", assure encore Johanna Clouscard. 

Toujours interrogée par Le Parisien, une seconde patiente fait le même constat de rupture des stocks. 

"Mon pharmacien a appelé Sanofi mais il n'a pas été livré. Il me manque toujours une boîte pour ce mois-ci. Et pour le mois suivant?", s'interroge cette dernière. 

Une situation d'autant plus paradoxale que, depuis le 20 janvier dernier, le médicament n'est plus vendu sans ordonnance. Une formalité qui, semble-t-il, n'a pas empêché la ruée vers la chloroquine. Sanofi assure cependant au Parisien qu'il "n'y a pas de rupture d'approvisionnement pour ce traitement": "Des stocks sont fabriqués et ils vont arriver dans les jours qui viennent."

Hugo Septier