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Coronavirus: "arrivé au bout de ses capacités" d'accueil, l’hôpital de Metz lance un cri d’alarme

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A Metz, les hôpitaux sont débordés et arrivent à bout de leurs ressources matérielles et humaines. Le personnel soignant pousse un cri d’alarme et exhorte les autorités à leur accorder davantage de transferts quotidiens de patients atteints par le Covid-19 pour répondre à l'afflux de malades dans des services de réanimation presque saturés.

"Attention, c’est un cri d’alarme." C’est sur un ton angoissé que Marie-Odile Saillard, directrice générale du centre hospitalier régional (CHR) de Metz-Thionville a adressé son message ce lundi.

"Nous sommes arrivés au bout de nos capacités. Nous avons épuisé notre possibilité d’augmenter le nombre de lits et il nous faut absolument pouvoir transférer des patients, c’est vital", lance-t-elle, alarmée depuis 10 jours par cette situation qu’elle juge critique. 

En Moselle, l’afflux de patients infectés par le Covid-19 est massif et dépasse les ressources des services hospitaliers. Le nombre de personnes prises en charge par le personnel soignant a plus que doublé en une semaine, passant de 391 hospitalisées le 23 mars à 871 personnes ce lundi - un chiffre pas si éloigné des statistiques du Haut-Rhin, l'un des foyers originels de l'épidémie dans l'Hexagone. Le chiffre de patients admis en réanimation a suivi cette même courbe, allant de 83 à 170.

Manque de ressources

"De plus en plus de patients nécessitent de la réanimation et on n’arrivera pas à ouvrir beaucoup plus de lits dans les jours à venir. En tout cas, le rythme de 8 jours par lit n’est plus tenable. Il faut les locaux, le matériel, les ressources humaines", prévient Sébastien Gette, chef du service réanimation de l’hôpital Mercy, à Metz, interrogé par BFMTV.

Dimanche, 36 patients lorrains et alsaciens, dont 11 du CHR de Metz, ont été évacués à bord de deux trains sanitaires vers les hôpitaux de Nouvelle-Aquitaine. Pendant le week-end, quatre malades ont également été transportés par des hélicoptères militaires vers un hôpital en Allemagne. Autant d'évacuations qui ont permis pour l'heure à l'hôpital de Metz d'éviter l'engorgement. Mais malgré ces opérations, les hôpitaux suffoquent. 

Selon Marie-Odile Saillard, il faut organiser de toute urgence le déplacement de 12 patients par jour pour réussir à absorber les entrées qui ne faiblissent pas. Le centre hospitalier régional et les établissements mosellans ont ouvert "progressivement" des lits de réanimation "pour avoir un coup d'avance sur le virus avec toujours sept à huit lits" de marge, rappelle-t-elle. 

Mais "on est au bout de cette stratégie: d'ici 24 à 48 heures, on n'aura pas d'autre solution que de transférer en masse les patients en dehors du Grand Est", abonde Sébastien Gette.

"Extrême inquiétude" 

"Nous avons été très silencieux, car on a considéré que l'Alsace était dans une situation tellement dramatique qu'on osait à peine parler, mais on a vraiment l'impression que notre situation n'a pas été prise au sérieux", regrette Marie-Odile Saillard.

Et de poursuivre: "Nous sommes dans une extrême inquiétude pour les heures et les jours qui viennent". La directrice du CHR craint que la situation n'atteigne "dans trois ou quatre jours" celle de l'hôpital de Mulhouse, dans le Haut-Rhin, saturé par l'afflux de patients. 

Le Grand Est est l'une des régions les plus touchées par l'épidémie de coronavirus avec 3940 personnes hospitalisées, dont 774 en réanimation, et 816 décès. Et le personnel soignant, particulièrement exposé, compte parmi les victimes. Lundi, un médecin hospitalier en réanimation est mort du coronavirus. C’est le sixième décès de médecin rendu public depuis le début de la pandémie. 

Ambre Lepoivre avec AFP