Coqueluche: bientôt un vaccin de rappel sous forme de patch?

La coqueluche est une maladie respiratoire due à une bactérie, responsable de quintes de toux fréquentes et prolongées. - iStock - Christopher Futcher
Et si la vaccination se généralisait sous forme de patch ? C'est en tout ce que le projet de la société biopharmaceutique française DBV Technologies qui élabore un vaccin épicutané de rappel de la coqueluche. Selon Le Monde, cette dernière vient d'annoncer le démarrage d’une étude clinique de phase I sur ce nouveau vaccin qui fonctionnerait via l’application d'un patch "Viaskin".
Menée avec la collaboration de les Hôpitaux Universitaires de Genève (HUG) et l'entreprise de biotechnologie BioNet-Asia Co, l'étude donnera des résultats au premier trimestre 2017 selon le quotidien. La phase 1 de l'étude consiste plus précisément à évaluer l’innocuité et l’immunogénicité de deux doses progressives d'une toxine génétiquement détoxifiée de la coqueluche (rPT) développée par BioNet-Asia Co.
Celles-ci seront administrées par voie épicutanée avec un patch Viaskin de DBV Technologies chez 60 jeunes adultes en bonne santé. L’étude sera conduite dans le centre de recherche clinique des HUG sur des hommes et femmes âgés de 18 à 40 ans, vaccinés durant l’enfance contre la coqueluche. Ces derniers seront divisés en deux cohortes incluants chacune 30 personnes.
"Utiliser les propriétés immunitaires de la peau"
La première cohorte recevra deux applications de Viaskin rPT à une dose de 25 μg ou un placebo. Le patch Viaskin sera appliqué pendant 48 heures, avec un intervalle de deux semaines entre les applications. Si l'innocuité et la tolérance du vaccin sont confirmées, la seconde cohorte de participants recevra deux applications de Viaskin rPT à une dose de 50 μg ou un placebo.
"Utiliser les propriétés immunitaires de la peau représente un changement de paradigme majeur dans le domaine de la vaccination", explique le Dr Pierre-Henri Benhamou, Président-Directeur Général de DBV Technologies.
Ce nouveau mode d'administration d'un vaccin présente l'avantage d'être non invasif car sans aiguille et donc auto-administrable et, selon DBV Technologies, de ne pas nécessiter d'adjuvant, c'est-à-dire une substance qui stimule la réponse immunitaire du vaccin pour le rendre plus efficace. Un produit plus facile d’utilisation, qui permettrait ainsi d'augmenter le taux d'observance du rappel de vaccin contre la coqueluche.
Un manque d'observance des rappels nécessaires
En effet, cette infection respiratoire bactérienne très contagieuse est redevenue en Europe une maladie fréquente de l'adulte jeune, faute de ce fameux rappel. A ce sujet, le ministère de la Santé précise que le vaccin contre la coqueluche doit être administré à deux mois puis à quatre mois et faire l'objet de plusieurs rappels: à 11 mois, 6 ans, entre 11 ans et 13 ans et à 25 ans.
"S’il y a eu primovaccination dans l’enfance, un rappel à l’âge adulte suffit. Pour les personnes âgées de plus de 25 ans et n'ayant pas reçu les derniers rappels, un rattrapage pourra être proposé", explique-t-il. Le risque étant que les adultes et adolescents la transmettent aux nourrissons et enfants, pour lesquels la vaccination n’est pas complète, et chez qui la maladie est la plus grave.
Par conséquent, les immunisations de rappel ne sont pas à négliger, en particulier chez les adultes ayant un projet parental avant tout début de grossesse et les personnes susceptibles d'être en contact étroit avec le nourrisson au cours de ses 6 premiers mois (grands-parents, baby-sitters...).
Outre les vaccins, DBV Technologies a créé le patch Viaskin "pour de nombreuses applications potentielles en immunothérapie". La société teste par exemple sa possible utilisation auprès de patients souffrant d’allergie alimentaire (arachide, lait, œufs) pour lesquelles il n’existe pas de traitements approuvés.