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Canicule: Patrick Pelloux prévient que "les gens vont attendre aux urgences"

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Le docteur Patrick Pelloux, urgentiste à Paris et président de l'Association des médecins urgentistes de France, était ce jeudi matin l'invité d'Apolline de Malherbe sur BFMTV.

Alors qu'une nouvelle vague de fortes chaleurs s'étend progressivement à toute la France, Patrick Pelloux insiste: "Il y a un véritable état d'alerte", contredisant ainsi les propos rassurants d'Agnès Buzyn, la ministre de la Santé. "Dans les hôpitaux, il y a une situation chronique et permanente de difficultés de travail. Ce qui se passe là, avec les afflux supplémentaires dus à la canicule, ça aggrave une situation déjà compliquée dans les hôpitaux"

Sur notre antenne ce jeudi matin, le docteur Patrick Pelloux appelle à une mobilisation générale des pouvoirs publics: "On a à nouveau un phénomène climatique d'importance qui doit nous mobiliser sur le fait qu'il y a le réchauffement climatique, ça c'est le bouleversement depuis 2003, tout le monde sait bien que la canicule tue".

"On est déjà à flux tendu"

Alors que 34 départements sont placés en vigilance orange canicule et que cette nouvelle vague de fortes chaleurs est partie pour durer, Patrick Pelloux insiste sur le manque de moyens criants dans les hôpitaux pour faire face à un afflux soudain de patients: "Si on fait des plans blancs dans les hôpitaux, je ne vois pas avec quelles ressources de personnels on le fera. On est déjà à flux tendu, il y a une usure depuis quelques années, on demande trop d'économies aux hôpitaux, on a fermé trop de lits".

Le médecin urgentiste pointe les files d'attente souvent interminables aux urgences: "On ne s'est pas mis, en fait, à la place des malades. 80% des services d'urgences ont des problèmes d'effectifs. Quand on demande aux infirmières de faire des heures supplémentaires et que les heures supplémentaires ne sont pas payées, au bout d'un moment, elles arrêtent de faire des heures supplémentaires".

"Faire du sport en plein soleil est suicidaire"

Cette nouvelle vague de chaleur ne fait que commencer, mais "il y a déjà une saturation sur des services d'urgences", prévient Patrick Pelloux. "Avec la canicule qui va durer, de plus en plus de personnes, les plus vulnérables, (vont se rendre aux urgence). Les plus touchées à l'heure actuelle sont les sans-domicile fixe. Vous avez une mortalité des sans-domicile fixe qui est plus importante l'été que l'hiver. Vous avez les travailleurs de force".

Le médecin urgentiste appelle aussi à faire attention aux sportifs: "Il faut bien dire aux gens de ne pas faire de sport en plein soleil, parce que c'est suicidaire: l'hyperthermie du sportif, c'est un risque vital".

"Et puis vous avez les malades chroniques et les personnes âges", dernière catégorie de personnes vulnérables, "et là, ils arrivent aux services des urgences, on les prend en charge, mais nous allons très vite saturer toute l'hospitalisation, donc les gens vont attendre aux urgences". Si la canicule s'installe, comme c'est prévu, Patrick Pelloux prédit "une sursaturation des services d'urgences", et "ça ne fonctionnera plus".

A.L.M.