"C'est un coup de massue", un responsable du l'institut Pasteur revient sur le fiasco du vaccin français

Frédéric Tangy, le 29 janvier 2021 - BFMTV
Quelques jours après l'annonce par l'Institut Pasteur de l'abandon du développement de son principal projet de vaccin contre le Covid-19, Frédéric Tangy, responsable du laboratoire d’innovation vaccinale de la fondation, est revenu sur ce douloureux épisode sur notre antenne.
"Le chercheur est résilient"
Auteur de l'ouvrage L'homme façonné par les virus écrit en collaboration avec Jean-Nicolas Tournier, notre invité a décrit cette annonce comme "un coup de massue": "Ça vous effondre, ça vous détruit." Dans la suite de son propos, le chercheur a expliqué que la décision avait été prise par le géant pharmaceutique Merck, qui travaille en étroite collaboration avec Sanofi et donc l'Institut Pasteur.
"On a commencé au mois de février dernier, il y a juste un an. Les candidats-vaccins ont été donnés à l’industriel fin mai, l’essai clinique a été mené et les résultats tombés la semaine passée indiquent que les niveaux d’immunité sont inférieurs aux vaccins ARN déjà sur le marché. La décision a été rapide et abrupte, mais c'est son métier et son devoir dans le contexte actuel", explique-t-il.
Pour autant, Frédéric Tangy estime que malgré l'échec, il n'est pas question d'abandonner les recherches pour autant.
"Le chercheur est résilient, il faut avoir la capacité de l'échec. Pour 100 projets que l'on développe, il n'y en a qu'un qui réussit, mais ça fait mal. Je n'ai pas dormi pendant plusieurs jours, mais ensuite on se réveille et on est repartis", ajoute-t-il.
"La science française n'est pas en débâcle"
En dépit de l'arrêt du projet, Frédéric Tangy refuse de dire que la science française est à la traîne sur la scène internationale.
"Non, la science française n’est pas en débâcle, en déroute. Elle est de très haut niveau, celle de l’Institut Pasteur est d’un très haut niveau. On a isolé le virus, mis au point les tests PCR et aujourd’hui c’est nous qui séquençons les variants. Vous avez vu Arnaud Fontanet qui fait aussi partie de la task force. On a des épidémiologistes qui modélisent l'épidémie, on est au niveau", conclut-il.