Blocages en Guadeloupe: le directeur du CHU alerte sur les "patients qui n'arrivent pas à atteindre l'hôpital"

"Les barrages n'ont pas disparu et la situation est assez préoccupante pour les patients qui n'arrivent pas à atteindre l'hôpital". Sur BFMTV ce lundi soir, Gérard Cotellon, directeur du CHU de Guadeloupe, a tiré la sonnette d'alarme sur les conséquences de la crise sociale sur l'île, qui se répercute sur la santé des habitants.
Selon lui, les patients qui parviennent à arriver à l'hôpital "constatent qu'il est entravé par les grévistes, qu'il y a une présence policière et un certain nombre d'entre eux font demi-tour et renoncent aux soins. C'est quelque chose que nous aurons à payer, les patients vont payer le prix le plus fort de cette situation et je le regrette très amèrement", a-t-il ajouté.
Depuis une semaine, la Guadeloupe est en proie à une crise sociale liée notamment à l'obligation vaccinale contre le Covid-19 et marquée par des violences urbaines et des pillages. Une situation "absolument déplorable" pour Gérard Cotellon, qui "est très éloignée de ce qu'on est en droit d'attendre d'un hôpital qui, même en temps de crise, de guerre, est un sanctuaire où les gens peuvent facilement accéder pour recevoir des soins. Notre mission, qui est de soigner la population guadeloupéenne, est très entravée par cette situation", déplore-t-il.
Agressions de professionels de santé
Aux difficultés pour accéder aux hôpitaux s'ajoutent également les violences subies par les personnels, quand ils tentent de rejoindre leur lieu de travail. D'après le directeur du CHU, tous les jours, "c'est un peu l'angoisse de savoir qui pourra arriver à l'hôpital. Ceux qui arrivent à y accéder le font dans des conditions difficiles. Ils sont pris à partie par les grévistes, qui les insultent. J'ai beaucoup de médecins, d'agents qui voient les pneus de leur voiture crevés", a-t-il regretté.
Dans la nuit de samedi à dimanche, sur l'un des sites du CHU, une soignante a "été braquée avec un fusil à pompe sur la tempe", confirme Gérard Cotellon, ajoutant que cette dernière est "traumatisée".
"Il faut vraiment avoir la foi chevillée au corps pour se lever le matin, passer les barrages", s'est-il insurgé.
Un constat partagé par l'ARS
L'agence régionale de santé de Guadeloupe a également alerté ce lundi "sur les agressions physiques que les professionnels de santé ont subies ces derniers jours alors qu'ils allaient soigner les pères, les mères et les enfants de Guadeloupe", citant notamment une "tentative de car-jacking" ou des "agressions de pharmaciens".
Selon l'agence, les délais d'attente aux barrages exposent à une "dégradation de l'état de santé de la personne".