Les entreprises françaises frileuses pour lutter contre obésité

15% des adultes en France étaient obèses en 2012 - Yale Rudd Center - CC - Flickr
La mode est venue du pays le plus touché par l'obésité dans le monde avec 38% des adultes concernés. Outre Atlantique, un tiers des entreprises se lanceraient dans des cures minceurs pour ses salariés.
Comment? En investissant elles-mêmes dans des salles de sport, en finançant une partie des abonnements, en payant les services d'un diététicien. Ou même, en lançant des compétitions entre collègues après avoir équipé chaque salarié de bracelets connectés comptant leurs pas.
15% d'adultes obèses en France
La France n'en est pas à ce niveau. L'obésité touchait 15% des adultes en 2012... Une proportion qui a tout de même plus que doublé en vingt ans.
Or l’embonpoint accentue les risques de maladies cardiovasculaires, de diabètes ou de certains cancers. Les entreprises américaines qui mettent en œuvre une politique de contrôle du poids économiseraient 9% en soins de santé et pertes liées à la baisse de productivité qui résulte d'absences répétées, selon les estimations d'économistes de Yale en charge des questions d'alimentation.
Gains de productivité de 5%
Dans l'Hexagone, l'institut IMS Health pour Chèque santé évalue les gains de productivité de 5% pour 296 euros investis par l'entreprise dans un programme de prévention individuelle, dont le taux d'efficacité, lui, est estimé à 25%.
La prévention vécue comme une intrusion
Toutefois, quels que soient les chiffres et les gains de productivité espérés, les entreprises françaises restent frileuses à mettre en place des programmes de prévention uniquement axés sur le surpoids.
D'une part parce qu'elles considèrent encore que cela relève de la sphère privée et que leur proposition pourrait être vécue comme une intrusion pour bon nombre de salariés. D'autres part car "les gens estiment que l’obésité relève de la responsabilité propre des individus ; qu’après tout, ils n’ont qu’à moins manger ou faire du sport pour maigrir", rapporte Jean-François Amadieu, sociologue et auteur de La société du paraître et de Le poids des apparences.
Bien s'alimenter, cela s'apprend
"C’est un des effets négatifs des campagnes de santé publique pour lutter contre le surpoids, alors que celui-ci peut être lié à une défaillance hormonale ou à la manière dont on a appris à manger, puisque l’obésité touche davantage les personnes de milieux sociaux défavorisés", souligne Thibaut de Saint Pol, sociologue à l’ENS Cachan et auteur de Le Corps désirable. Hommes et femmes face à leur poids.
Or bien s'alimenter, cela s'apprend. Certaines entreprises rusent en incluant discrètement des suivis "spécial alimentation" dans leur programme de prévention. Cachés derrière l'étiquette "bien-être au travail".