Au travail, comment intégrer un collègue mal voyant?

L'Unadev sensibilise les collègues de salariés atteints de déficiences visuelles. - CHAMPARDENNAISAXONAIS - CC - Flickr
Leonardo Penagos Marin n’a jamais vu. Mais le regard de certains collègues lui pèse, au point d'aller au travail à reculons. "Quand je ne mets pas mes prothèses oculaires, qui donne à mon visage un aspect plus agréable, sans quoi j’ai les yeux semi fermés, certains collègues me saluent. Quand je ne les mets pas et que je croise ces mêmes personnes, certaines ne me disent pas bonjour. C’est un manque de respect", peste ce conseiller clientèle chez Cofinoga. Pourtant, cela fait vingt ans qu’il travaille au sein de l’organisme de crédit.
Des maladresses souvent liées à un malaise, voire à une méconnaissance du handicap. C’est pourquoi l’Union nationale des aveugles et déficients visuels (Unadev) a missionné l’entreprise d’insertion "EI presta" pour qu’elle sensibilise DRH, managers et collègues à l’arrivée d’un salarié mal ou non voyant dans les équipes.
Elle leur explique la différence justement, entre les non voyants, qui représentent seulement 12% de l’ensemble des personnes atteintes de déficiences visuelles, et les mal voyants. Et comment les aider. L'association Aveugles de France a aussi publié un mode d'emploi à leur intention. Voici quelques recommandations.
1- Ne pas privilégier forcément le toucher
"Certains ont le réflexe d’interpeller les personnes non ou mal voyantes en leur tapant sur l’épaule, ce qui peut être mal vécu, à force. Nous expliquons que mieux vaut s'adresser à eux verbalement, comme n’importe quelle collègue", indique Christelle Diop, coordinatrice RH d’EI Presta. Sans parler plus fort pour autant.
2- Apprendre à donner le bras
Elle montre aussi comment les aider à se déplacer. "A nous de plier le bras, la personne déficiente visuelle se met un peu en retrait à l’arrière et nous attrape le coude. Ainsi, quand on se déplace, s’il y a une petite marche, derrière, elle intègre l’abaissement de notre corps et adapte son déplacement", décrit Christelle Diop.
3- Se mettre à leur place
D’ailleurs, les collègues chaussent des lunettes noires pour se rendre compte de la difficulté à se repérer. Lors de ses interventions en entreprises, elle pratique aussi des jeux classiques de découverte des saveurs "à l’aveugle" et autres tests sensitifs.
4- Se rendre compte de leurs atouts
"Les personnes déficientes visuelles sur-compensent, car elles font beaucoup plus travailler la mémoire et leur audition. Nous mettons en avant les aptitudes qu’elles développent", indique la coordinatrice. Car des managers n’osent pas leur confier certaines tâches de peur qu’elles oublient ou n’y parviennent pas. Le but de la sensibilisation est justement de répondre à leurs peurs et questions fréquentes telles que: va-t-il y arriver? Va-t-il falloir que je fasse tout à sa place?", témoigne Christelle Diop.
5- Au manager de montrer l’exemple
D’ailleurs, le rôle de l’encadrant est primordial. "Parfois, on vous embauche puis on ne s’occupe pas de vous, regrette Leornado Penagos Marin. Quand votre manager s’implique, c’est bête mais les collègues l’imitent et cela se passe mieux." A lui d'être locomotive.