Au moins 27 enfants d'un même donneur: quelles règles entourent le don de sperme en France?

Photo datée du 30 novembre 2000 au CECOS (Centre d'étude et de conservation du sperme humain) à Rennes de paillettes, contenant chacune un embryon humain, stockées à -196· pendant 5 ans dans des cuves d'azote liquide. - MARCEL MOCHET / AFP
Une plongée dans la fratrie des "Demis". Le 8 mars dernier, Le Monde a raconté l'intimité d'une famille de sang dont les 27 membres (à minima) ignoraient tout de l'existence de l'autre. Ce sont autant de demi-soeur et demi-frères qui ont découvert qu'ils étaient liés par un même père, un donneur de sperme ayant enfanté Antoine, Claire, Aurélie ou encore Benjamin.
Tous nés dans des régions différentes, les membres de la fratrie se sont retrouvés par hasard grâce à MyHeritage, une plateforme de test ADN (illégaux en France) permettant d'identifier des membres de sa famille ayant déjà enregistré leur propre patrimoine génétique.
Petit à petit, les liens sont mis en lumière et les histoires particulières se rencontrent. Une quinzaine d'enfants - aujourd'hui tous adultes - se sont réunis sur une boucle Whatsapp sobrement nommée "Les Demis". L'occasion d'en apprendre plus l'un sur l'autre et de plaisanter sur leurs similarités physiques autour de photos d'enfance.
Un "donneur itinérant?"
Mais comment expliquer cette situation? L'hypothèse d'un "donneur itinérant" ayant pris "le défi de donner (son sperme, NDLR) dans le plus d'endroits possibles" est évoquée par Catherine Guillemain, la présidente de la Fédération des Centres d'études et de conservations et d'études des œufs et du sperme (Cecos).
"Pour moi, c'est un serial donneur, je ne vois pas d'autres explications", assure au Monde Blandine d'Asurbourg, la vice-présidente de l’association PMAnonyme.
Pour la vice-présidente, les 27 demi-frères et demi-sœurs ne pourraient finalement être qu'une petite partie du tableau. Elle évoque "au moins" 300 enfants potentiels issus de ce même donneur non identifié. Celui-ci pourrait d'ailleurs être nommé grâce à une demande d'accès aux origines déposées par plusieurs enfants de cette "demi-fratrie".
Un cadre pour éviter la consanguinité
Le "père" biologique, qui qu'il soit, a profité d'un manque de contrôle et de souplesse lors de ses dons remontant au moins à 1981. Au moins un autre cas plus ou moins similaire avait déjà été identifié dans l'Hexagone. Trois hommes avaient enchaîné les dons durant des années au sein d'un même cabinet privé parisien.
Il n'est, en théorie, plus possible d'aboutir à de telles situations. "Le nombre d’enfants issus d’un même donneur de spermatozoïdes est limité à 10 par la loi de bioéthique, pour écarter tout risque de consanguinité pour les générations futures", peut-on lire sur la page dédiée au don de spermatozoïdes en France.
D'autres conditions existent, notamment relatives à l'âge du donneur, celui-ci doit être majeur et âgé de moins de 45 ans, ainsi qu'être "en bonne santé". Un entretien préalable doit aussi permettre de déterminer ses "déterminations".
Avec ces restrictions, l'objectif des autorités est bien d'empêcher au maximum les chances de consanguinité. Au Pays-Bas, le cas de Jonathan Jacob Meijer, soupçonné d'avoir enfanté jusqu'à 550 personnes, est entré dans l'histoire. Celui qui a continué de vouloir transmettre son patrimoine génétique fait désormais l'objet d'une décision de justice. Chaque "don" supplémentaire lui sera passible d'une amende de 100.000 euros.