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Santé

Attention aux sprays et diffuseurs à base d’huiles essentielles

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Ils se présentent comme "assainissants" ou "épurateurs" d’air mais peuvent être néfastes. Les sprays ou diffuseurs à base d’huiles essentielles ont envahi les pharmacies, et certains foyers français. Dans un avis publié ce mardi, l’Anses, l’agence de sécurité sanitaire, appelle pourtant à la plus grande vigilance, notamment à cause d’un risque d’irritation.

C’est la première fois qu’une agence sanitaire se penche sur cette question soulevée par le ministère de la Santé en juin 2018: les sprays ou diffuseurs à base d’huiles essentielles peuvent avoir un effet sur la santé? "La réponse est très peu documentée dans la littérature scientifique", nous assure Valérie Pernelet-Joly, chef d’unité d’évaluation des risques liés à l’air à l’Anses, auteure de l’étude.

L’analyse des quelques cas d’intoxication signalés aux Centres antipoison révèle des effets indésirables: "des irritations des yeux, de la gorge et du nez, et des effets respiratoires. Mais nous pensons que ces effets car les gens n’ont pas le réflexe d’appeler un centre anti-poison pour les incidents liés à ce type de produits", poursuit-elle. 

"Il faut arrêter de penser que les produits naturels sont forcément sans danger"

Dans la majorité des cas, les intoxications étaient liées à une exposition accidentelle de jeunes enfants, "ceux-ci étant plus susceptibles de porter des produits à la bouche ou de manipuler des produits qui ne leur sont pas destinés", relève l’agence sanitaire.

L’Anses recommande donc que les sprays ou diffuseurs ainsi que les flacons à base d’huiles essentielles "restent hors de portée des jeunes enfants, au même titre que les produits détergents ou les médicaments".

Autre risque soulevé: ces produits émettent des composés organiques volatils qui peuvent constituer une source de pollution de l’air intérieur.

"Les fabricants surfent sur la vague du naturel, voire du bio. Sauf qu’il faut arrêter de penser que les produits naturels sont forcément sans danger. Cet appel à la vigilance est encore plus utile en période de confinement, où les Français sont en permanence chez eux", ajoute Valérie Pernelet-Joly.

"Nous avons d’ailleurs déjà du rappeler dans un précédent avis que non, les huiles essentielles ne constituent pas un moyen de lutte contre le coronavirus".

Une source de pollution de l’air intérieur

"Certains de ces composés, même s’ils sont d’origine naturelle, peuvent présenter des propriétés irritantes ou sensibilisantes. Ils sont susceptibles de s’oxyder, notamment avec l’ozone présent naturellement dans l’air. Ainsi, ces sprays et diffuseurs peuvent constituer une source de pollution de l’air intérieur supplémentaire, (…)» note l’Anses dans son étude.
"Il faut être vigilant, et utiliser ces sprays et diffuseurs avec beaucoup de précautions, surtout pour les personnes fragiles des voies respiratoires: asthmatiques et personnes atteintes de syndrome bronchique chronique", estime la spécialiste de la qualité de l’air.

L’Anses appelle donc les pouvoirs publics à mieux informer les consommateurs sur les précautions d’utilisation, en particulier pour ces personnes à risque. "Nous encourageons notamment les médecins traitants à faire remonter les éventuels effets indésirables constatés auprès des centres anti-poison", ajoute Valérie Pernelet-Joly.

"Pour avoir une bonne qualité de l’air, mieux vaut aérer son logement au minimum quinze minutes par jour, si possible une fois le matin et une fois le soir avant d’aller se coucher, c’est le meilleur geste à réaliser", conclut Valérie Pernelet-Joly.