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60.000 secouristes en santé mentale formés en France: en quoi cela consiste-t-il?

(Photo d'illustration)

(Photo d'illustration) - Olivier Douliery / AFP

Au même titre que nous nous formons aux premiers secours physiques, il s'agit ici d'avoir de meilleures connaissances de la santé mentale et des troubles psychiques, notamment pour réagir face à une personne concernée et l'orienter vers une prise en charge si nécessaire.

Comment réagir si un proche fait une crise d'angoisse? Que dire à un collège qui fait par d'idées suicidaires? Très souvent, nous sommes démunis ou maladroits face aux difficultés de santé mentale éprouvées par notre entourage. Pourtant, selon l'Organisation mondiale de la santé, les troubles psychiques touchent près d'une personne sur cinq, soit 13 millions de Français.

C'est face à ce constat que les Assises de la santé mentale et de la psychiatrie de septembre 2021 ont déployé le programme des Premiers secours en santé mentale (PSSM). Aujourd'hui, au 1er juin 2023, plus de 60.000 secouristes ont été formés dans le pays, annonce ce mardi la Direction générale de la Santé.

Lutter contre la stigmatisation en s'informant

En quoi cela consiste-t-il? Le secourisme en santé mentale est né en Australie au début des années 2000 et s'inspire largement de la formation, plus répandue, aux premiers secours physiques. L'objectif est que le secouriste puisse intervenir auprès d'une personne en souffrance, l'écouter, et lui apporter une première aide.

La formation "s'adresse à tout individu souhaitant être mieux informé sur le sujet et en capacité d’apporter au besoin une aide à une personne en souffrance dans son entourage", détaille la Direction générale de la Santé.

En premier lieu, le programme permet une meilleure connaissance de la santé mentale, sujet souvent méconnu, en acquérant des connaissances générales sur ces troubles. L'accent est mis sur quatre d'entre eux: les troubles dépressifs, anxieux, psychotiques et liés à l’utilisation de substances.

Il s'agit ainsi de savoir en repérer les signes et les manifestations diverses qu'ils peuvent prendre chez les personnes concernées afin de pouvoir ensuite réagir de la manière la plus adéquate.

Une meilleure compréhension des troubles de santé mentale contribue, selon les spécialistes, à lutter contre la stigmatisation "en faisant évoluer les représentations sociales sur les pathologies, mais aussi à améliorer la situation des personnes touchées", écrit l'association PSSM, qui met en place les formations.

Mises en situation

Le stage, qui se déroule sur deux jours, alterne informations théoriques sur les troubles psychiques et mises en situation. Par exemple, un formateur peut jouer le rôle d'un collègue de travail qui souffre d'un trouble dépressif et les stagiaires sont amenés à apprendre des compétences relationnelles pour l'écouter sans jugement ou le rassurer en utilisant les bons termes.

L'objectif est également de "mieux faire face aux comportements agressifs" et d'intégrer ainsi des outils théoriques et pratiques pour intervenir face à une personne en crise ou en difficulté.

De son côté, le secouriste doit aussi se sentir en capacité à aider son entourage sans que cela n'affecte trop sa santé mentale personnelle.

Santé mentale des jeunes

"Ce dispositif ne se substitue en rien à une prise en charge des personnes concernées par des professionnels", précise le site de l'association PSSM. Toutefois, l'objectif est, après une première intervention, d'accompagner si nécessaire la personne concernée vers le soin. Cela favorise notamment une prise en charge et un recours aux soins plus précoce.

Le ministère de la Santé s'est donné l'objectif d'atteindre les 150.000 secouristes formés en France en 2025. L'accent est notamment mis sur le milieu étudiant, les jeunes étant particulièrement en proie aux problèmes de santé mentale. Aujourd'hui, parmi les personnes formées, 8% évoluent auprès des étudiants.

L'association PSSM prévoit par ailleurs la mise en place d'une formation Jeunes "spécialement développée pour les adultes vivant ou travaillant avec des adolescents (collège et lycée) et jeunes majeurs".

Salomé Robles