"Vous savez combien ça coûte?": De Rugy explique pourquoi il n'attaque qu'un article de Mediapart

François de Rugy. - Alain JOCARD / AFP
Les révélations qui ont miné la position de François de Rugy au sein du gouvernement avant de précipiter son départ ont touché des objets très divers: dîners fastueux à l'hôtel de Lassay lorsqu'il était président de l'Assemblée nationale, coûteux travaux dans son appartement de fonction, utilisation de son chauffeur à Nantes, et location d'un logement à vocation sociale à Orvault, dans son fief de Loire-Atlantique.
C'est sur ce dernier dossier que François de Rugy, redevenu député après avoir été ministre de la Transition écologique, a choisi de porter plainte mardi contre le site d'information Mediapart.
"Vous savez combien ça coûte?"
Invité dans la soirée dans l'émission C à vous de France 5, François de Rugy a précisé: "Ce matin, Mediapart a reçu une citation à comparaître. L’audience aura lieu le 9 octobre." Ce dépôt de plainte circonscrit aux seuls éléments sur le logement d'Orvault a étonné les observateurs. Au journaliste Patrick Cohen qui lui demandait pourquoi il n'avait pas jugé bon de porter plainte pour les autres articles, il a avancé:
"Je vais vous dire une chose et ça tous les Français qui portent plainte le savent bien. Vous savez combien ça coûte de faire des procédures judiciaires ? Vous savez combien ça m'aurait coûté si j’avais dû porter plainte non seulement sur chaque article mais en plus à l’intérieur de chaque article sur plusieurs mensonges ? Il faut être très riche en France pour faire valoir son bon droit sur la vérité quand on est face à une campagne aussi forte !"
Michael Hajdenberg, qui codirige le pôle "enquêtes" de Mediapart, a ironisé. "Magique! Il faut lui parler de l’aide juridictionnelle à ce pauvre François de Rugy, s’il n’a pas les moyens!" a écrit le journaliste sur Twitter.
Fabrice Arfi, également l'un des responsable de ce pôle, a quant à lui publié le message suivant: "Merci à Patrick Cohen de rappeler les faits face aux embardées stratosphériques de l’ancien ministre."
"La différence, c'est que moi j'ai été élu"
François de Rugy a par ailleurs durci le ton s'agissant de Mediapart: "Les méthodes de Mediapart ne sont pas des méthodes de journalistes, ce sont même des méthodes de voyou disons-le. Toutes les règles sont enfreintes. (…) Et Mediapart sera jugé et j’espère bien condamné."
Mais c'est à la presse en général, et pas seulement au titre fondé par Edwy Plenel, qu'il a semblé adresser un procès en légitimité au moyen d'une distinction entre les élus et les autres:
"J’ai été élu député… J’ai été élu ! La différence c’est que moi j’ai été élu. J’ai pas été embauché pour faire des articles et être payé sans jamais rendre de compte. Connaissez-vous une profession ou une entreprise pouvant être dans l’impunité la plus totale ? C’est le sujet de fond. Vous pouvez écrire sur internet ce que vous voulez."