Un choc… ou un électrochoc ?

Les Coulisses de la Politique, de Jean-François Achilli, du lundi au vendredi à 7h20 sur RMC - -
« Et maintenant, le choc de moralisation » ! La formule un brin ironique est celle d’un proche du chef de l’Etat qui rappelait qu’il y a dix jours à peine, le président lançait son choc de simplification, déjà rangé aux oubliettes de la vie politique normale.
Tout le week-end, le gouvernement a vécu sous la menace d’une nouvelle livraison de Médiapart, avec dans le collimateur Laurent Fabius, ou du moins l’un de ses proches. Le ministre des affaires étrangères, rentré du Mali, a rencontré samedi les journalistes du site d’information. La tension était forte tout le week-end.
La concurrence est rude entre les médias sur l’affaire Cahuzac ?
« Le cauchemar continue » titre ce matin Libération, qui révèle que Cécile Duflot a déjeuné samedi avec Edwy Pleynel, sans doute pour apaiser la relation. Réaction du directeur de Médiapart sur Twitter: « Libération perd la tête et transforme en info une rumeur sur Fabius en prétendant démentir une non-information sur Médiapart ». Il est temps que les esprits s’apaisent.
En attendant, François Hollande a passé son dimanche après-midi, au bureau, à consulter…
Le chef de l’Etat a reçu son Premier ministre Jean-Marc Ayrault ainsi que les deux poids lourds Manuel Valls et Arnaud Montebourg. L’objectif est de rédiger un projet de loi destiné à mettre de l’ordre dans la vie politique. « Quelque chose de solide et ferme », selon l’Elysée, censé répondre à la nécessité de frapper fort. Le texte devrait être présenté début mai, après un passage au Conseil d’Etat. François Hollande fera une communication à ce sujet mercredi en conseil des ministres.
De quoi s’agit-il dans les grandes lignes ?
L’incompatibilité entre avocats d’affaires et parlementaires. Ainsi que la transparence absolue sur les patrimoines qui seraient publiés, avec des enquêtes plus poussées sur les ministres en passe d’être nommés. Des sanctions sévères pour les tricheurs.
Le président est aujourd’hui fragilisé. Toutes les options sont sur la table. Remaniement ? Changement de Premier ministre ? Pas sous la contrainte. Un référendum ? Ce serait un vote sanction. Va pour le projet de loi. Tout sera dans l’art de la mise en scène, reste à savoir si un choc suffira à rétablir la confiance des Français.
Ecoutez ici les Coulisses de la Politique de Jean-François Achilli de ce lundi 8 Avril.
Choc, quel choc ? |||
François Hollande aura passé son dimanche après-midi à consulter dans son bureau à L’Elysée, afin de concocter un projet de loi sur la moralisation de la vie politique. Le chef de l’Etat a reçu son Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, mais aussi deux poids lourds du gouvernement, Manuel Valls et Arnaud Montebourg, et a passé de nombreux coups de fils. Une réunion technique sans le président s’est poursuivie jusque tard dans la soirée. L’idée est de produire un ensemble de mesures visant à moraliser la vie politique, avec un projet de loi que l’entourage présidentiel donnait dimanche soir pour le début du mois de mai. Le texte doit être soumis au Conseil d’Etat. Le président devrait faire une simple communication sur le sujet mercredi en Conseil des ministres. Dans les grandes lignes, il est question d’une incompatibilité entre les activités de parlementaire et celle d’avocats d’affaires. Ainsi que d’une transparence absolue sur les patrimoines, dont la publication serait obligatoire. Des enquêtes plus poussées concernant les ministres avant leur nomination. Certaines idées figurent déjà dans le rapport Jospin, comme le non-cumul. Il va également falloir combler les trous dans le contrôle de la fraude fiscale. Deux questions : de nouvelles règles d’hygiène politique auraient-elles pu empêcher l’affaire Cahuzac ? Et vont-elles satisfaire une opinion dont le divorce d’avec la classe politique traditionnelle de droite comme de gauche est déjà consommé ? Il va sans doute falloir plus qu’un choc pour régagner la confiance des Français.
Jean-François Achilli|||
Directeur de la Rédaction de RMC et éditorialiste RMC/BFMTV
Il intègre la rédaction de France Inter en 1998, puis le service politique en 2000, dont il prend la direction en septembre 2008. Il rejoint RMC en décembre 2012 comme directeur de la rédaction et éditorialiste RMC/BFMTV.
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