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"Très étonnant et intense": Anne Sinclair se souvient du renoncement de Jacques Delors à la présidentielle 1995

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Quelques instants après l'annonce de la mort de Jacques Delors, la journaliste Jacques Sinclair a rendu hommage sur BFMTV à un homme de gauche qu'elle "aimait profondément".

Un renoncement spectaculaire pour "ne pas donner d'illusions aux Français". Le 11 décembre 1994, Jacques Delors, mort ce mercredi 27 décembre à 98 ans, avait surpris des millions de Français en renonçant, en direct à la télévision, à se présenter à la présidentielle de 1995.

La journaliste Anne Sinclair, présentatrice de l'émission "7 sur 7" sur TF1 qui avait réuni 13 millions de téléspectateurs ce soir-là, s'est dite, sur BFMTV, "touchée et bouleversée". "Je l'aimais profondément et le respectais infiniment", a-t-elle confié.

Elle s'est alors rappelée du moment où le potentiel candidat favori des sondages a douché les espoirs de la gauche, après 14 ans de présidence de François Mitterrand.

"Les gens étaient en attente de sa réponse et désireux de voir cette figure extrêmement consensuelle émerger, qui aurait rassemblé la gauche et le centre-gauche", a raconté Anne Sinclair, se souvenant d'un moment "très étonnant et très intense".

Une décision "raisonnable"

Avec sa phrase, "j'ai décidé de ne pas être candidat à la présidence de la République", Jacques Delors a stupéfait les Français. Elle était pourtant bien réfléchie.

"Je vais atteindre 70 ans, je travaille sans relâche depuis 50 ans et il est plus raisonnable, dans ces conditions, d'envisager un mode de vie plus équilibré entre la réflexion et l'action", avait-il déclaré, ses yeux bleus fixant la caméra.

L'ancien ministre de l'Économie sous François Mitterrand avait justifié en partie ce choix par l'absence assurée de majorité à l'Assemblée nationale lors des futures législatives. Il ne voulait donc pas "donner d'illusions aux Français".

Anne Sinclair a estimé sur notre antenne qu'"il n'était pas suffisamment fou pour livrer bataille". "Toute cette émission révélait bien un peu la bataille intérieure de cet homme que tout portait à dire oui et qui finalement a dit non car il était plus sage", a-t-elle analysé.

Un mois plus tard, le père du marché unique et de l'euro quittera la présidence de la Commission européenne avant de présider le comité de soutien du socialiste Lionel Jospin. Une élection finalement remportée par Jacques Chirac.

Théo Putavy