Soulèvements de la Terre: la gauche salue la suspension de la dissolution du collectif, la droite s'indigne

Le Conseil d'État (illustration) - AFP
Entre soulagement et indignation. L'échiquier politique se divise ce vendredi au sujet de la décision du Conseil d'État. La plus haute juridiction administrative a suspendu en référé la dissolution des Soulèvements de la Terre, qui avait été prononcée par décret, estimant que le gouvernement n'a pas apporté la preuve que le collectif écologiste cautionne "des agissements violents envers des personnes".
Le Conseil d'État avait été saisi fin juillet selon une procédure d'urgence dite de "référé-suspension" par les Soulèvements de la Terre. Plusieurs associations et partis (dont La France insoumise, EELV, Agir pour l'environnement...) ainsi que plusieurs milliers d'individus s'étaient associés au recours des Soulèvements de la Terre.
Par conséquent, la décision a largement été saluée par les principales personnalités de gauche. À commencer par l'ancien candidat insoumis à la présidentielle Jean-Luc Mélenchon sur le réseau social X, anciennement Twitter: "Donc la macronie et 'l'arc républicain' ont voulu violer la loi en interdisant une ligue d'associations citoyennes. Une idée avance en France. La légitimité de la désobéissance civique fait son chemin".
Selon Marine Tondelier, la secrétaire nationale d'EELV, "la justice a joué son rôle de rempart et de garant de l'état de droit et du respect de la liberté associative".
La politique du gouvernement directement visée
Outre cette décision, c'est la politique du gouvernement macroniste et de son ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin qui a été remise en cause par la gauche: "Un nouveau désaveau" pour le député LFI Manuel Bompard, un "camouflet" et un "gigantesque revers" pour ses collègues Aurélien Saintoul et Antoine Léaument.
"Honte au gouvernement", a même clamé la députée écologiste Sandrine Rousseau, tandis que le Premier secrétaire de PS Olivier Faure a assuré: "L'éco terrorisme est une invention infamante."
Son collègue socialiste Arthur Delaporte a lui salué une "décision importante du Conseil d'État qui met en évidence les errements du pouvoir dans sa tentative de museler les mouvements contestataires".
Du côté de la macronie, les réactions se font plus rare. Le ministère de l'Intérieur a annoncé, dans un communiqué, "prendre acte" de la décision du Conseil d'État. De plus, Beauvau a rappelé que "cette décision ne préjuge pas de la décision que le Conseil d'État prendra au fond concernant cette dissolution".
L'élu du Val-de-Marne Mathieu Lefèvre a aussi avancé qu'"on peut néanmoins s’émouvoir pour nos agriculteurs et nos gendarmes, pour qui leurs actions violentes n'ont rien de 'circonscrites'. Attendons la décision de fond."
"Une claque pour les agriculteurs"
À droite, la suspension de la dissolution du collectif écologiste ne passe pas. "Le collectif des soulèvements de la Terre utilise la violence et la revendique. Sa dissolution par Gérald Darmanin est légitime. Ce n'est pas aux juges de gouverner", a tweeté le député républicain Ian Boucard.
Pour le président du Rassemblement National Jordan Bardella, "cette mouvance rétrograde et décroissante, adepte des sabotages, des destructions et des violences anti-flics, va se sentir pousser des ailes". Il a ajouté: "Par son incompétence, le gouvernement vient d'offrir sur un plateau à l'extrême-gauche une victoire sur l'État."
Les députés du parti d'extrême-droite ont majoritairement repris l'argument avancé par le macroniste Mathieu Lefèvre sur les attaques envers les agriculteurs. Frédéric Falcon a condamné de futurs "troubles et violences en cas de nouvelles attaques de nos agriculteurs par les éco-terroristes" du collectif. "Une claque pour tous les agriculteurs victimes de leurs opérations de saccages! Une claque pour les policiers et gendarmes blessés!", a ajouté Thomas Ménagé, faisant référence aux violents affrontements fin-mars entre gendarmes et opposants à la construction de retenues d'eau à Sainte-Soline (Deux-Sèvres).
"Cassez! Caillassez! Agressez! Tout ça n’est pas grave! Quand ça vient de la gauche c’est autorisé", a alerté le maire RN de Perpignan Louis Aliot.