Sarkozy sur écoute: les avocats vent debout

- - Crédits photo : nom de l'auteur / SOURCE
Indignés par la mise sur écoute des téléphones portables de Me Thierry Herzog et de son client Nicolas Sarkozy, les avocats montent au créneau: le Conseil national des barreaux a pointé lundi un "détournement de procédure", le bâtonnier de Paris a annoncé qu'il allait "saisir le président" tandis qu'une pétition circule pour dénoncer des "atteintes graves" au secret professionnel.
"Détournement de procédure"
Pour le Conseil national des barreaux (CNB), instance de représentation de la profession d'avocats, les juges qui ont diligenté les écoutes de Nicolas Sarkozy et de son conseil Thierry Herzog se sont rendus coupables d'un "détournement" de procédure.
Vendredi, Le Monde révélait qu'une information judiciaire pour violation du secret de l'instruction et trafic d'influence ouverte le 26 février trouvait son origine dans l'interception de discussions au téléphone entre Me Herzog et l'ex-président de la République.
"Il y a eu dans cette opération un détournement de procédure de la part des juges d'instruction", a réagi le président du CNB, Jean-Marie Burguburu, ce lundi au micro de BFMTV. Pour Jean-Marie Burguburu, les juges ont, dans ce dossier, pratiqué la technique du "filet dérivant", à la manière des pêcheurs qui laissent traîner leurs filets "assez longtemps pour ramener quelque chose".
"Lorsqu'on écoute un avocat et son client pendant plusieurs mois, et que l'on cherche quelque chose contre le client, on finit par trouver quelque chose contre l'avocat", a-t-il expliqué.
Selon lui, il n'y avait pas, au départ, d'indices graves et concordants justifiant le placement sur écoute de Me Herzog, ce qui est le seul cas permettant d'intercepter les conversations d'un avocat.
Le bâtonnier de Paris va "saisir le président"
Un peu plus tôt lundi, le bâtonnier de Paris Pierre-Olivier Sur a annoncé sur Europe 1 qu'il comptait "saisir le président de la République". Les juges "sont sortis de leur saisine, et c'est cela qui nous révolte", a-t-il déploré.
"Je saisis le président, je me mets sous sa haute protection", a déclaré Pierre-Olivier Sur qui doit envoyer son courrier dans la journée pour lui dire "l'émoi" de son barreau, "parce qu'il y a un émoi de nos clients, c'est-à-dire des justiciables". "Notre exercice professionnel est en danger. François Hollande est le garant des libertés publiques", a-t-il ajouté.
La profession se mobilise
Une lettre circule par ailleurs depuis vendredi parmi les avocats pour dénoncer l'écoute de conversations entre Me Thierry Herzog et l'ancien chef de l'Etat. Ils pointent des "atteintes graves et répétées" au secret professionnel.
"Que le secret professionnel, socle de la défense, garantie fondamentale des libertés individuelles dans un Etat de droit, fasse l'objet d'atteintes graves et répétées, menace l'essence même de notre profession d'avocat et son indépendance", s'indignent-ils dans cette lettre.
Après avoir confirmé la signature d'une pétition lancée par des avocats pour protester contre les écoutes de Nicolas Sarkozy et de son conseil Thierry Herzog, Me Henri Leclerc a expliqué à BFMTV ce qui, selon lui, posait ici problème: "Je pense que ce qui est en cause ce sont les droits de la défense. (…) Il ne peut pas y avoir de droit de la défense, s'il n'y a pas de confidence. Il faut que celui qui est défendu ait une confiance totale dans celui qui le défend, il faut avoir la possibilité de parler".